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Citation de caraelm


La mise en évidence très rapide en Afrique Centrale d'une épidémiologie de l'infection à VIH très différente de celle initialement décrite aux USA ( syndrome gay) bouleversait des opinions déjà fermement établies et considérées comme exclusives. S'ensuivit, de la part des scientifiques et éditeurs anglo-saxons un débat basé sur la " non-croyance" dans les résultats fournis, en dépit de la rigueur de la démonstration. Rapidement, le refus de l'évidence scientifique s'est étendu aux instances internationales ( Les yeux ailleurs de l'OMS, comme le dit un chapitre du livre). L'Afrique fut mise à distance de la communauté internationale lors du congrès d'Atlanta en 1985. L'hostilité de nombreux gouvernements africains à cette information qui " ternissait" l'image de l'Afrique s'est parfois manifestée de façon agressive, voire violente. Tout cela eut pour conséquence ce, un retard préjudiciable à une prise en charge rationnelle de l'épidémie. Un constat approchant peut être fait à propos des deux autres aspects de l'infection à VIH abordés par les auteurs, la transmission materno-foetale et la transmission par l'allaitement, qui se heurtaient par ailleurs aux habitudes et croyances locales. Tout cela résonne étrangement à nos oreilles d'aujourd'hui alors que sévit la pandémie de COVID-19. Au fond, peu de choses ont changé : contestation des faits rigoureusement établis, même au sein de la communauté scientifique, rivalités déplacées entre équipes de recherche, négation du problème par certaines autorités politiques aboutissant à des catastrophes dans la prise en charge des patients et l'application de mesures préventives, développement de théories du complot auxquelles s'ajoutent aujourd'hui les fakenews et l'amplification vertigineuse d'une formation dévoyée sur les réseaux sociaux.
Le mérite de cet ouvrage est grand de nous ramener à l'objectivité et la rigueur scientifiques et d'appeler aux échanges dépassionnés d'une information établie que le politique doit utiliser de façon, elle aussi, débarrassée de préjugés et de préoccupations électoralistes. Qu'on se rapporte aux chapitres intitulés "Hostilité politique et confusion scientifique" et " Le silence comme réponse politique" pour juger de l'actualité du récit qu'on percevra également à travers la prémonition des auteurs de l'arrivée imminente de cette tragédie que fût le génocide des Tutsis du Rwanda. Notre monde continue d'aller mal. Tirons leçon de ce livre écrit objectivement, sans passion ni agressivité et avec une grande maîtrise.

Claude Carbon, Professeur honoraire, faculté Xavier Bichat, Université D. Diderot, Paris
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