La masturbation, qui représente le mode de satisfaction sexuelle correspondant à ce stade [phallique], est un phénomène qui crève les yeux. Pourtant la littérature pédiatrique d'avant Freud ne mentionnait que rarement des cas d'onanisme infantile. Cette cécité des parents et des éducateurs n'est pas accidentelle. Les freudiens disent qu'elle traduit une résistance inconsciente devant une réalité gênante. La morale officielle ayant identifié la sexualité à la fonction de reproduction, toutes les manifestations sexuelles qui avaient un autre but que la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule étaient ignorées ou condamnées comme des dégénérescences. [...] Confronté aux exigences de la discipline scolaire et familiale, l'enfant refoule ses aspirations sexuelles et perd le souvenir de son comportement sexuel antérieur (amnésie infantile).
On voit alors s'édifier les "Formations réactionnelles de la morale, de la pudeur et du dégoût". (Freud)
... ce problème n'était jamais soulevé par les psychanalystes :
"Ni en psychiatrie, ni en psychanalyse on n'avait coutume de questionner les patients sur les conditions sociales qui leur étaient faites. On savait qu'il y avait de la pauvreté et de la misère dans leurs cas. Mais cela paraissait hors de propos. Dans la clinique cependant, on se trouvait constamment mis en présence de ces facteurs. Souvent, l'aide sociale était la première intervention qui s'imposait. La différence fondamentale entre la clientèle privée et la clientèle d'hôpital parut soudain évidente. Après deux ans de travail à la clinique, j'acquis la conviction que la psychothérapie individuelle a un rayon d'action très limité. Seule une petite fraction de ceux qui sont psychiquement malades pouvaient recevoir un traitement." ("La Fonction de l'Orgasme", page 66).
Le 1er mars [1919], il avait noté dans son journal :
"Peut-être ma morale objecte-t-elle contre cela. Néanmoins, d'après ma propre expérience et d'après mes observations sur moi-même et sur les autres, je suis convaincu maintenant que la sexualité est le centre autour duquel tourne toute la vie sociale, aussi bien que la vie intérieure de l'individu" ("La Fonction de l'Orgasme, page 26).
Chez l'être humain les conflits inconscients donnent presque toujours lieu à des élaborations psychologiques plus ou moins compliquées.
Une formation réactionnelle est une façon de nier une impulsion en la transformant en son contraire. Il s'agit d'une défense "au carré" : non seulement la tentation est écartée de la conscience, mais encore on voit se former l'attitude opposée.
Si la prise de conscience des éléments refoulés ne suffit pas toujours à entraîner la guérison, cela veut dire qu'une condition n'est pas remplie. Laquelle ? Cette question l'amena plus tard à formuler sa théorie de la fonction de l'orgasme.
J'étais entré chez [Freud] dans un état de trépidation. J'en sortis avec un sentiment de plaisir et d'amitié. Ce fut le point de départ de quatorze années de travail intensif dans et pour la psychanalyse.
En décembre 1920, Freud lui envoya un jeune étudiant qui souffrait d'obsessions et de troubles physiologiques divers. Au cours du traitement, ce patient se masturba en obtenant pour la première fois une satisfaction finale, et Reich eut la surprise de voir les symptômes s'évanouir pendant une semaine. L'histoire se répéta plusieurs dois jusqu'au moment où Reich mot à jour les sentiments de culpabilité associés à la masturbation. Neuf mois plus tard, le patient allait beaucoup mieux.
Le recours à la notion d’instinct de mort pour rationaliser une conception réactionnaire de « la nature humaine » s’avéra scientifiquement stérile. D’ailleurs le concept même d’instinct, après avoir été à la mode (c’est William McDougall qui, dans un livre paru en 1908, avait affirmé que les instincts étaient les moteurs du comportement) était de plus en plus battu en brèche.
Comme le dit Holt, dans « Animal Drive and the Learning Process » :
“L’homme est poussé à l’action, dit-on, par ses instincts. S’il va avec ses compagnons, c’est l’instinct du troupeau qui l’y pousse ; s’il marche seul, c’est l’instinct antisocial ; s’il se bat, c’est l’instinct batailleur ; s’il se soumet à quelqu’un d’autre, c’est l’instinct d’humiliation ; s’il se tourne les pouces, c’est l’instinct de se-tourner-les-pouces ; s’il ne se tourne pas les pouces, c’est l’instinct de ne-pas-se-tourner-les-pouces. Ainsi l’on explique tout avec une facilité qui tient de la magie – de la magie des mots. »
Le recours à la notion d’instinct de mort pour rationaliser une conception réactionnaire de « la nature humaine » s’avéra scientifiquement stérile. D’ailleurs le concept même d’instinct, après avoir été à la mode (c’est William McDougall qui, dans un livre paru en 1908, avait affirmé que les instincts étaient les moteurs du comportement) était de plus en plus battu en brèche.
Comme le dit Holt, dans « Animal Drive and the Learning Process » :
“L’homme est poussé à l’action, dit-on, par ses instincts. S’il va avec ses compagnons, c’est l’instinct du troupeau qui l’y pousse ; s’il marche seul, c’est l’instinct antisocial ; s’il se bat, c’est l’instinct batailleur ; s’il se soumet à quelqu’un d’autre, c’est l’instinct d’humiliation ; s’il se tourne les pouces, c’est l’instinct de se-tourner-les-pouces ; s’il ne se tourne pas les pouces, c’est l’instinct de ne-pas-se-tourner-les-pouces. Ainsi l’on explique tout avec une facilité qui tient de la magie – de la magie des mots. »