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Critiques de Michel Desorbay (1)
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Terre boréale

Spitzberg, terre boréale...

Hier ....

Il y eut une l'expédition française au Spitzberg en 1952. Elle est parvenue à pénétrer à l'intérieur de cette forteresse inhumaine, de cette terre de glace hérissée de pics, défendue par la banquise, les brumes et le blizzard, où rien ne peut vivre nous disaient ils.

Aujourd'hui...

Il y a maintenant des croisières "excursion" dans cette terre boréale, il y a des gens qui y vivent, il y a des animaux qui ont trouvé refuge ... ours, renards, rennes, phoques, morses, ... et des oiseaux.

Le challenge de chaque croisière est toujours d'atteindre le 80e parallèle de latitude nord ....



Ce livre est une production d'une maison d'éditions spécialisée dans les ouvrages historiques, France-Empire. ( Fondée en 1945 par Yvon Chottard avec la publication de "Combat sur mer", cet éditeur conservateur avait plutôt tendance, par ses publications, à glorifier les guerres, en particulier la seconde guerre mondiale et les guerres coloniales. Le nom choisi nous montre une ambition colonialiste et une fierté digne des combats rétrogrades de la France d'après guerre !)

Ce livre est le récit de l'expédition, ce n'est pas un guide touristique, juste un document sur une aventure humaine au milieu des dangers du climat polaire.

Une carte permet de se repérer dans ce désert de glace, la traversée Tromsø-Longyearbyen, le cap Sörkapp en approche de l'île, les fjords désertiques Hornsund, puis Bellsund, et enfin en approche du cap Linne. La civilisation n'est pas loin avec l'Isfjord et ses villes Barentsburg ... Grumantbyen ? (*) ... et l'arrivée à la capitale norvégienne Longyearbyen ... enfin ... Longyearbyen, la ville de John Longyear, prospecteur américain et pionnier des mines de charbon du Svalbard.



Que vous dire ... cette expédition m'a passionnée et pourtant je ne suis pas sportive, je n'aime pas la montagne, mais j'aime les grands espaces, le Svalbard m'a ensorcelé, ce blanc, cette terre si hostile, désarmante, du blanc toujours du blanc, de la caillasse toujours de la caillasse certes mais derrière tout ça il reste de l'humanité, avec ces vestiges de cabanes, de villes désertiques, témoins d'existences humaines dans un lieu inhospitalier au possible.

J'ai passé quelques heures durant la lecture de cette épopée dans un monde intérieur, je voyais ces glaciers, je respirais cet air si sec qui m'a surpris, je me noyais dans ce brouillard, cette brume qui d'un seul,coup recouvre tout, ce soleil perpétuel et cette lumière éclatante comme une volonté de prouver que la vie existe dans cette partie du monde ... je me suis rappelée toutes les émotions ressentie lors de ma découverte de ce lieu si éloigné de notre société de consommation.

Je me rappelle

Longyearbyen avec ses vestiges de mines abandonnées et cette ville vivante avec ses hôtels, son école, son jardin d'enfants, ses supermarchés avec leurs stands d'armes à feu ....

Barentzburg et sa colonie russe, vestige de l'URSS triomphante proclamant la gloire de Lénine, offrant à l'étranger de passage un spectacle de danse dans une salle des fêtes d'un autre temps et une visite au bistrot du coin, histoire de se raccrocher à une vie sociale autour d'un ou de plusieurs verres ...

Ny-Alesund et sa base scientifique internationale avec sa boutique de souvenirs et le bar qui n'ouvrent que lorsqu'un bateau accoste pour quelques heures ...

Et bien sûr, Pyramiden, vestige d'un autre temps, ville fantôme abritant des ruines de mines, des immeubles condamnés, un gymnase, une piscine et cette longue avenue baptisée les Champs Elysées ....

Je me rappelle mon émotion devant cette nature ... (anecdotes ... il existe au Svalbard deux ou trois familles de champignons, leur cueillette dans la forêt est très facile, car ils sont plus hauts que les arbres .... le saule arctique est le seul arbre admis à cette latitude. Il ne dépasse pas 5cm de hauteur !)

Je me rappelle cette faune, seule présence vivante au milieu de rien, ces Rennes qui viennent d'on ne sait où et qui vont on ne sait où, ces renards affamés n'ayant même plus peur de l'homme, prêts à tout pour essayer de manger quelque chose, cet ours esseulé aperçu si loin, très loin, une ombre jaune dans ce désert blanc ...

Quand je referme ce livre, je pense à ces explorateurs qui nous disaient :

"Demain, ... , nous rapatrions le camp de base, demain, nous redescendons vers une autre vie, une vie qui connaît l'abondance, mais qui ignore la grande liberté primitive et les horizons sans borne."

Peut être, mais demain est une autre vie, d'autres aventures ... il faut toujours choisir l'avenir !



(*) Grumantbyen ou Grumant, ancien établissement minier russe, est aujourd'hui l'une des nombreuses villes fantômes du Svalbard avec Advent City (seule ville implantée sur l'ouest du fjord) , Pyramiden ou Colesbukta.

La communauté fut établie sur la rive est de l'Isfjorden,à mi-chemin entre Longyearbyen et Barentsburg, au début des années 1910.

L'exploitation des puits miniers aux alentours nécessita la construction d'un petit chemin de fer à voie étroite (0,40m), pour rejoindre la cité toute proche de Colesbukta.

Comme pour toutes les autres communautés minières, la production chuta, et rapidement tout fut abandonné et laissé sur place : rails, maisons, outils, ossements, etc. Rien n'a bougé depuis 1961, année d'abandon de l'établissement minier.

Un projet d'étude des sols, récemment mené, a permis de revaloriser certains sites comme Grumantbyen, et une nouvelle exploitation pourrait bien être à l'ordre du jour dans les prochaines années.







Petit inventaire chronologique de la littérature sur les voyages au Spitzberg.



À partir du 17ème siècle,

Le Spitzberg et les baleiniers basques. ROMANOVSKY Vsevolod.- 229 p. Atlantica, 1999.

(Après une première partie consacrée à des généralités sur l'archipel, la 2ème traite de la présence française au Spitzberg du 17ème au 20ème siècle.)



Dans les années 1743,

Quatre contre l'Arctique. ROBERTS David. - 384 p. Éditions Guérin, 2006.

(L'aventure étonnante et captivante de quatre marins russes, des Pomores, rescapés d'un bateau naufragé, et qui survivront pendant 6 ans (1743-1749) sur une île au sud-est du Spitzberg).



En 1854,

Voyage d'une femme au Spitzberg. D'AUNET Léonie.- 304 p. - Hachette, 1883.

(Agée de 19 ans en 1839, Léonie d'Aunet est sans doute la première européenne à traverser la Laponie et la première femme à découvrir le Spitzberg ; publié en 1854, le livre connut immédiatement un très vif succès et fut réimprimé huit fois).



En 1931,

Le drame de l'expédition Andrée. ANDRÉE, STRINDBERG, FRAENKEL.- Plon, 1931.



En 1933,

L'Italia au Pôle Nord. UMBERTO NOBILE. Traduction de Pierre GRILLET.- 357 p.- Éditions de la Madeleine, 1933.



En 1934,

Une femme dans la nuit polaire. RITTER Christiane. Traduit de l'allemand par Max Roth. 248 p. - Denoël, 1952.

(l'aventure passionnante et le témoignage unique d'une femme de trappeur qui décide de passer l'hivernage 1934-35 avec son mari dans le Woodfjord à Grahuken au Nord du Spitzberg).



En 1938,

Croisière blanche. VERCEL Roger.- 255 p. - Albin Michel, 1938.

(Journal de bord intéressant d'une croisière touristique faite par l'auteur à bord du Lafayette depuis l'Ecosse jusqu'au Spitzberg en passant par les îles Féroés, l'Islande et Jan Mayen).



En 1939,

À travers toundra et glaciers. ROMANOVSKY Vsevolod. - 209 p. Éditions J. Susse, 1946.

(Récit d'un océanographe qui découvre le Spitzberg en 1939).



En 1943,

Le Spitzberg et la Sibérie du Nord. ROMANOVSKY Vsevolod. - 200 p. Payot, 1943.

(La 1ère partie est un essai de vulgarisation sur l'archipel à une époque où se développait le tourisme de croisière).



En 1950,

Alpinisme polaire, l'expédition Maillard au Spitzberg. CABANES Bernard. - Préface de Paul-Emile Victor. - 228 p. Amiot-Dumont, 1951.

(En 1950 l'ascension réussie par une cordée française du Mont Général-Perrier).
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