Ce simple coup de fil fit entrer dans ma vie Jules Dejerine et Augusta Klumpke. Avec eux, je me trouvais plongé dans l'ambiance des années 1860, pendant lesquelles ces deux jeunes gens venus des deux bouts du monde se rencontrèrent, étudièrent ensemble, puis s'aimèrent jusqu'à ne plus se quitter... et renouvelèrent les bases anatomiques et cliniques de la neurologie. Le décor dans lequel s'inscrivait cette aventure m'était on ne peut plus familier, c'était celui des hôpitaux parisiens, et au premier chef celui de la Salpêtrière.
En outre, derrière les divisions de cette façade se cachait l'autre partie de la Salpêtrière, l'asile des «folles». Un peu plus d'un millier de femmes y étaient réparties dans des bâtiments, «loges» et «chalets», entourés de cloisons grillagées et disposées de façon un peu anarchique entre des allées bordées de grands arbres. Ce sont elles, ces «folles», que les Parisiens aimaient venir voir dans leurs promenades dominicales : univers curieux, certes, mais rassemblant toutes les misères du monde.