Il était envisageable de fréquenter de loin une nouvelle équipe, par curiosité et nostalgie, en se gardant de toute infidélité, comme un voyageur timide paye un verre à une inconnue dans un bar parce qu’elle ressemble à sa femme, le lui fait savoir avec des trémolos dans la voix puis retourne seul à son hôtel. Équipe de district évoluant en violet depuis un siècle, le Paris Université Club pouvait être une option mais tout début de flirt m’aurait semblé une trahison.
Et puis le football pur des origines, c’est une vaste fumisterie. Par nature, il est violent, il engendre des haines et si on avait le courage de compter le nombre de morts et de blessés que cette plaie a provoqués, on serait rempli d’effroi et de honte. Mika avait juré de ne plus regarder un match de foot à la télévision et ça ne lui manquait pas du tout.
Quoi qu'il en soit, quand la transmission se fait de parents à enfants, on amène ces catéchumènes tout jeunes au stade.
Je suis revenu au Stadium, à l’improviste. Comme un ancien addict qui se dit : je peux bien prendre une petite dose, je ne vais pas retomber, je maîtrise ma consommation à présent ; juste un verre, n’est-ce pas ? Je suis abstinent alors je peux me le permettre.
Nous étions comme ces ivrognes qu’on doit mettre dehors avec douceur quand les bars tirent leur rideau. Il fallait partir, les joueurs regagnaient enfin leurs voitures. Ils avaient mérité un peu de tranquillité.
J'étais sans doute un enfant ingrat, de regimber contre un séjour à la mer, mais ma passion dévorante pour le TFC ne laissait pas de place à des futilités de ce genre.
Il reste que ce qu’a fait Dupraz à Toulouse va au-delà du simple exploit sportif. Cela ressortit au merveilleux, au fantastique, au surnaturel.