AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Anjeta


Je suis rentrée au petit matin. Des débris crissaient sous mes semelles. Je me suis réfugiée au bar du coin de ma rue, qui ne ferme jamais et n’a pas d’enseigne ; on repère l’endroit aux ivrognes devant l’entrée qui brandissent leur verre comme sauf-conduit vers le bout de leur tunnel. Sans envie de boire, je me suis assise dans la salle mal éclairée par un néon solitaire. La patronne a posé une tasse de café devant moi, habituée à l’abstinence stricte que j’affiche en public. Le haut-parleur crachotait. Un trio barbu et chevelu discutait à voix basse au comptoir, ricanant et jetant des regards en biais. Un couple de vieilles gens, attablées devant une bouteille de bière, se taisait. Que faisaient-ils tous là, alors que le jour n’était pas encore levé ? Au bout d’un instant, les yeux accoutumés à l’obscurité, je compris ce que lorgnaient les hommes accoudés au bar : dans un coin était assise une fille que je reconnus à sa jupe invraisemblablement remontée sur ses cuisses, la jeune admiratrice du percussionniste. Elle était seule, et détourna la tête, semblant éviter mon regard, ou peut-être tous les regards.
Je ressentis, brusque et inopportune, cette démangeaison perdue de vue depuis longtemps, un appétit d’étreintes, qui pour le moment s’alimentait au spectacle de cette gamine, mais aurait pu se satisfaire de la première venue. En colère contre moi-même, je quittai le lieu pour rentrer chez moi.
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}