Bassompierre avait combattu les Russes au côté des Allemands, mais n'était pas nazi.
Foumier-Foch, qui a combattu les Allemands au côté des Russes, n'était pas communiste.
Le premier avait été décoré de la croix de fer ; le second du drapeau rouge. Leur présence à tous deux dans cette Europe lointaine, aujourd'hui polonaise, parcourue par des armées en guerre et des rescapés de tous les pays : prisonniers de guerre français évadés ; travailleurs requis ou volontaires devenus fermiers et ne voulant quitter ni la ferme, ni la fermière ; Italiens faits prisonniers après le retournement de l’Italie et la chute de Mussolini ; Américains faits prisonniers après la contre attaque de von Rundstedt à Bastogne ; Hongrois libérés des camps de la mort, cette présence prend à mes yeux une valeur symbolique des tragédies qu'à vécues l'Europe, du drame qu'ont connu des officiers français parmi les meilleurs, après la défaite de 1940. L'Histoire a opposé alors ces deux officiers courageux. Peut-être, Bassompierre eût-il vécu, les aurait-elle rapprochés au moment de la guerre d'Algérie.
Tovarich Kapitaine Foch, comme l'appelaient les Russes après le combat de Pyritz, a écrit le livre où ces destins contrastés, tous deux étranges et bouleversants, se sont un instant mêlés.