Il n'y avait pas un souffle de vent. Les voiles s'affaissaient, languides, le long des mâts ou des étais. Cependant l'air vibrait, jetant une sorte de gaze déformante devant le regard, comme si on pouvait percevoir le mouvement de ses molécules surchauffées, et laissant au fond de l'oreille un agacement sans timbre, discret et continu. Le pont brûlait les pieds. Sous le roof, dans les cabines, le salon, la cuisine, la chambre de navigation et les cales transformés en étuve, la chaleur exprimait des bois précieux une odeur entêtante et lourde d'essence et de cire qui s'insinuait partout. L'océan aplati comme une mare prenait une couleur de plomb affreuse à voir.