AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Peteplume


Moi… comment dire ça… J’étais debout comme tout le monde, je hurlais comme tout le monde, mais… j’ai peur de pas trouver les bons mots… Je sais pas si tu peux comprendre, mais… c’était trop ! C’était trop pour moi ! C’était une des plus belles choses que j’avais jamais vues, ça accotait presque l’entrée d’Elizabeth Taylor dans Rome, j’étais là en personne, j’y assistais, comprends-tu, moi, la pauvresse, je me tenais debout devant tant de beauté, mais… J’étais-tu digne de toute ça, j’avais-tu le droit d’assister à toute ça ? J’pouvais-tu faire partie de ceux pour qui toute ça avait été préparé ? C’était impossible que la grande Guilda ait toute fait ça pour moi ! Ça fait que j’ai compris tout d’un coup que la soirée était finie pour moi, que ça s’arrêtait là, que rien de ce qui viendrait après pourrait dépasser ce qui venait de se produire ou me bouleverser autant… J’ai eu un vertige pis j’me suis sauvée comme une voleuse ! J’ai bousculé mes voisins, j’ai pilé sur un pied de la Duchesse, qui a pas eu l’air de s’en rendre compte, chus sortie de la rangée de fauteuils en m’arrachant presque les guénilles de sur le dos, pis j’ai quitté la salle en courant. On aurait dit que c’était ma sortie que le public applaudissait ! J’ai traversé le piano nobile en courant, chus sortie du théâtre en courant pis j’ai couru me réfugier sur la rue Saint-Laurent, sur la « Main », ma vraie place. Le Hawaian Lounge sur la rue Stanley pis la « Main », c’était ça, ma place.
Plus tard, on m’a conté un nombre incalculable de fois l’incroyable spectacle que Guilda avait donné ce soir-là, les lumières, les costumes, les danseurs extraordinaires qu’elle avait faite venir des États-Unis, les numéros drôles, les numéros touchants, le tableau final avec Guilda déguisée en mariée – peux-tu imaginer un homme déguisé en mariée sur la scène de la Place des Arts pis qu’on applaudit debout en hurlant ? – mais jamais, entends-tu, jamais j’ai regretté d’avoir quitté le spectacle après le numéro d’ouverture. Parce que cette image-là, la fierté qu’a’ m’a toujours procurée, était la seule chose dont j’avais besoin pour devenir la vraie Hosanna. Celle qui rêve au plus haut des cieux.
Commenter  J’apprécie          100





Ont apprécié cette citation (10)voir plus




{* *}