Le Salon dans tes oreilles - S1E41 - Confidences d'écrivain: Michel Tremblay
Confidences avec Michel Tremblay, figure emblématique et incontournable de la littérature québécoise, mais aussi du Salon du livre de Montréal.
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL
Et
LEMÉAC ÉDITEUR
Avec
Michel Tremblay, Auteurrice
Danielle Laurin, Animateurrice
Livre(s)
Victoire !
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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La pluie nous tombait dessus, les éclairs éclataient, suivis du tonnerre qu'on prétendait si dangereux, les arbres étaient secoués par un vent violent et produisaient un bruissement qui aurait dû me terroriser, mais plus rien ne semblait dangereux parce que j'étais à vingt pieds du sol, dans les bras de mon père qui, par la seule force de sa volonté, faisait en sorte que rien ne m'arrive!
Rien ne pouvait m'arriver!
Protégé contre tout mal, rendu invincible par la présence de mon père qui affrontait la tempête au lieu de se cacher, j'étais l'enfant le plus heureux du monde.
Les dimanches, les hommes devenaient fous d'ennui, pis finissaient toujours par se battre parce qu'y avait rien d'autre à faire... Ça s'appelle la cabin fever, ça existe encore, c'est le fléau des chantiers.
Ouvrir un livre demeure l'un des gestes les plus jouissifs, les plus irremplaçables de la vie.
La religion catholique, en un mot, niait la beauté de l'enfantement et condamnait les femmes à n'être jamais dignes puisque la mère de leur Dieu, l'image consacrée de la Maternité, n'avait été qu'un entrepôt temporaire d'où l'Enfant n'était ni entré ni sorti.
Quand on crée, on perd la notion des choses.
J'ai mis plus de temps à écrire cette dernière entrée de mon journal. C'est comme...je cherche mes mots...et j'écris que je cherche mes mots, c'est curieux...C'est comme si en plus de comprendre maintenant à quoi ça peut servir- une espèce de confession sans pénitence, des aveux sans conséquence-, je commençais à l'apprécier. Je veux dire l'écriture. L'écriture elle-même. (p. 71)
C’était une note étirée, mélancolique, une seule note de violon mais qui contenait toute la nostalgie du monde, une caresse à la hauteur du coeur qui, sans faire mal, brassait tout de même des relents d’inquiétude, de doute et de langueur dans lesquels on aurait pu se laisser noyer. Ça donnait envie de pleurer sans être vraiment triste.
(p.21)
Savez-vous quoi, madame Dieudonné ? Des fois j'aurais envie d'arrêter de prendre mes médicaments. De sauter volontairement d'un monde que je trouve ridicule à un autre qui me rend malade, qui me rend fou, mais qui a la grande qualité de me faire vivre des choses que personne d'autre que moi peut imaginer. (p. 51)
ALBERTINE À 50 ANS. Quand j'étais petite, j'rêvais, des fois, qu'y' avait rien en dehors de l'école... Que l'école c'tait le monde. Un monde avec rien que enfants. Juste des petites filles qui dansent a'corde.
La légende veut que lorsque le Grand Manitou a eu terminé de dessiner la Saskatchewan à l'aide d'un morceau de fusain - quelques coups de crayon en guise d'horizon plat, une élévation ou deux pour briser la monotonie, un groupe de nuages dans le ciel parce que c'est plus joli - , il se serait rendu compte que tout ça était bien vide et aurait décidé d'inventer les céréales. Pour ajouter de la couleur et du mouvement. Le blé, l'avoine, le seigle et les autres graminées seraient donc apparus et, en dernier, le majestueux blé d'Inde qui peut monter jusqu'à huit pieds de haut à la fin août et, avec l'aide du vent, imiter à s'y méprendre le bruit de la mer qu'il n'a pourtant jamais connue.