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Citation de legascon


Extrait - C’est à cet instant que dame Abbott fit son passage retour. Dans sa main droite, un sac style cabas années 70 que chaque ménagère possédait jadis pour faire son marché. Le Presbytère en possédait un stock énorme, qu’il s’était procuré je ne sais où. Baptisé sac « vintage » par notre curé, c’était ça le nec plus ultra aujourd’hui. Alors qu’elle arrivait à notre niveau, son regard toujours fixé loin devant, le nôtre admirant la mécanique, son talon gauche se brisa. Ils ne respectaient vraiment rien ces pavés ! Malgré l’incident Avelyn réussit à se maintenir, et moi sans réfléchir je me précipitai à son secours.

– Vous allez bien madame ?

– Parfaitement bien mon ami, de toute façon je voulais en changer ! Puisque vous me le proposez si gentiment, pourriez-vous mettre l’autre à la même dimension ?

Son français était parfait, avec juste un petit accent, qui ajoutait encore un peu de piquant. Sans attendre ma réponse, la gente dame retira sa deuxième chaussure et me la tendit. Sans hésiter, mais avec un peu de mal quand même, je brisai le talon. Cette femme me faisait penser à une belle mécanique américaine des années 60, chouchoutée par un collectionneur. Les bagnoles de cette époque, il faut reconnaître qu’elles avaient de la gueule, rien qu’à les voir on mourait d’envie de se mettre au volant et de caresser le tableau de bord. Son parfum était arrogant, et envoûtant à la fois. Mais il y avait autre chose de beaucoup plus troublant, encore plus… On devinait chez cette femme un instinct de chasseresse patentée, possédant des armes affûtées de bons calibres. Ses yeux verts, sa bouche, son petit sourire juste à la commissure des lèvres étaient une invite à l’aventure. Le mouvement incessant de ses paupières surmontées de longs faux cils me faisait l’effet d’un papillon femelle, invitant les hormones mâles à sortir de leur léthargie. Nos mains ne firent que s’effleurer, mais pareil à un arc électrique je les ressentis sur tout mon corps… C’est à cet instant que mon cerveau (enfin la partie la plus mature) me lança le signal : fait gaffe Martial, tu sors à peine de convalescence, et les voitures de collection, elles n’ont pas de ceinture de sécurité… ! Consciente et satisfaite de son effet, la belle dame me remercia et repartit vers le bas de la rue. Un peu la tête ailleurs, je revins m’asseoir à la table. Olivier Aignard le boulanger ne put s’empêcher de me mettre en garde.

– Martial, je ne veux toujours pas te donner de conseil, mais la toubib, c’est une fille bien, très bien même. Rappelle-toi d’une chose, les étrangères ça ne te réussit pas, mais pas du tout. Tu sors à peine du purgatoire, tu pourrais pas te fixer un petit délai avant de replonger en enfer ?

– C’était juste pour lui rendre service, juste un petit service.

– C’est ça, juste un petit service… Fais gaffe Martial cette femelle n’est pas une débutante, à son âge quand on allume le barbecue c’est qu’on a l’intention d’y faire cuire son déjeuner.
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