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Citation de Henri-l-oiseleur


(Stendhal à Rome).
A Rome, Stendhal est placé devant un dilemme. Le libéral, en lui, exècre le gouvernement des prêtres, la théocratie pontificale, en quoi il voit un éteignoir des Lumières, un conservatoire des superstitions les plus anachroniques, une tyrannie dogmatique, ennemie de la liberté créatrice. (...) Le dévot qui tient à Rome la place qu'occupe en France l'honnête homme ne peut être à ses yeux qu'un cynique ou un imbécile. (...)
Le problème est qu'il lui a bien fallu admettre que cette ville noire, dont chaque soutane semble couvrir un Tartuffe, a réuni entre ses murs plus de beautés, de chefs-d'oeuvre, de palais, de jardins, d'églises, de tableaux, de fresques, de sculptures qu'on n'ait vus jusqu'ici sous le ciel et qu'on ne verra jamais à Boston ou à Philadelphie ; que ses papes ont été, au Moyen-Age, à la Renaissance, les plus fabuleux des mécènes (...) L'Italie offre à Stendhal ce que Delacroix trouve au même moment au Maroc : une Antiquité vivante. (...) Tout son livre [Promenades dans Rome] est traversé par cette contradiction : en lui, le préjugé libéral inspecte avec commisération le dernier débris de l'ancien monde. Mais le romantique s'exalte de le voir si brillant, si pétulant de vie. (...). Comme si, au moment même où il déchirait à belles dents les ridicules d'une société d'Ancien Régime, ses marques d'honneur, ses privilèges, ses hiérarchies, Stendhal mesurait tout ce qu'en les détruisant, nous avions nous-mêmes perdu.

pp. 175-176
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