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Citation de Bruno_Cm


Cet usage dévié et métaphorique de la langue, je ne l'aurais pas trouvé seul, Fédor. Je te le dois. Je te suis également redevable de l'intuition que la langue est mieux informée sur nous-mêmes que nous ne le sommes. Elle fonde et soutient la mémoire, qui est notre identité. Nous devenons ce que nous pensons que nous sommes, ce que nous parlons de nous, en un flux ininterrompu de phrases et d'images. Dès avant notre naissance, les mots tissent notre personnalité, constituée de récits, venus les uns de l'extérieur - famille, société, culture au sens large -, de l'intérieur les autres : sensations, impressions, sentiments. De la fusion et de la cohérence de ces récits souvent contradictoires résultent de notre moi, sa force ou sa faiblesse.
Le Je que nous affirmons, de l'enfance à la vieillesse, ne se maintient que par et dans la fiction qui le supporte. Des traits de mon visage aux neurones de mon cerveau, tout n'a cessé, au fil des ans, de subir des transformations incessantes ; mes tissus, mes organes, qu'ont-ils de commun avec ceux de l'adolescent de quinze ans dont une photo retrouvée me renvoie l'image éclairée, sous l'épiderme, d'une lumière qui décline et s'étouffe ?
- Yo ya no soy yo" - "Déjà je ne suis plus moi".
Est-ce dire que le monde et moi participons d'une illusion universelle et que, ainsi que Calderòn le demande et que l'Orient le postule, tout n'est que songe ?
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