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Citation de michelekastner


Et cela avait duré quelques années qu'elle avait comptées et recomptées et durant lesquelles, lettre après lettre, elle avait demandé que sa mère prit le rapide et vînt la voir, la sortît de chez ces fous où elle dépérissait, et la mère était morte sans jamais prendre le rapide ou quoi que ce fût d'autre pour aller là-bas, ni rien dire que ce qu'elle disait depuis le commencement, à savoir que tout n'était qu'habitude et qu'avec le temps on se faisait à tout, oui un jour elle finirait bien, elle Camille, par se faire à cela, cette maison, cet éloignement, et à ce moment-là elle avait plus de soixante ans, non pas la mère mais la fille, elle en avait même bientôt soixante-dix, et disait qu'elle ne pouvait oublier, si bien qu'un jour elle ne demandait plus rien, et s'asseyait là sur ces chaises d'où elle ne bougeait plus, vieille, si vieille que lorsqu'il venait il peinait à la reconnaître.
Oui, ce jour inconnu d'elle, où malgré les suppliques, les plaintes et les reproches, sans même savoir elle renonçait, ce jour qui, d'une invisible ligne, d'une invisible frontière, une dernière fois marquait le temps d'avant et le temps d'après, l'impossible, douloureux partage, et le dernier de tous. Le jour venait où elle n'avait plus rien à dire ni demander, où la révolte, la colère n'avaient plus même de sens, ce jour-là venait, et alors n'était-elle pas là, enfermée et repentante, et soumise comme il désirait qu'elle fût, sans plus rien à faire qu'il eût à réprouver, avec, écrivait-il dans ses livres, cette figure claire et dessinée devant lui comme un plan d'église, bien calculée avec la règle et le compas ?
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