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Note moyenne 3.67 /5 (sur 216 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint Cyr-en-val , le 04/08/1940
Mort(e) à : Beaugency , le 24/01/2006
Biographie :

Originaire d’un village de Sologne, Michèle Desbordes grandit à Orléans. À l’issue d’études littéraires en Sorbonne, elle devient conservateur de bibliothèques. Elle exerce d’abord dans des universités parisiennes, puis en Guadeloupe en lecture publique. En 1994, elle est nommée directrice de la Bibliothèque de l’université d’Orléans. Elle décède en janvier 2006 à Beaugency en Sologne.

Entre son retour tant souhaité en métropole et son décès le 24 janvier 2006 à Baule, Michèle Desbordes écrit dans sa maison des coteaux de Loire la presque totalité d'une œuvre, prose poétique exigeante traversée par une cadence ample et lancinante, à l’image du déroulement du fleuve qu’elle aime tant. Elle dit l’exil et l’absence, l’attente et la solitude, la litanie des jours et le temps immobile, l’obstination et le silence, la résignation et le renoncement, mais aussi "le grand entêtement du cœur" (L'emprise, page 40) et du corps incarné de manière récurrente par une marche toujours acharnée et fiévreuse.

Elle dit les destinées de trois sœurs recluses dans une maison isolée dans L’Habituée, d’une humble servante et d’un maître italien de la Renaissance dans La Demande, d’un homme parti sur l’injonction têtue de sa mère dans les lointaines Caraïbes du xviiie siècle dans Le commandement, de Camille Claudel internée par sa famille pendant trente ans dans La robe bleue, elle dit encore l'univers de Faulkner dans Un été de glycine. Puis, deux récits clos à l’automne 2005, L’emprise et Les Petites Terres, publications posthumes, dessinent une géographie amoureuse et chavirée. D'une seule haleine éperdue, l’auteur s’autorise enfin le Je.

Trois recueils de prose poétique, Le lit de la mer, Dans le temps qu'il marchait, Artemisia et autres proses, dont les prémices datent du recueil Sombres dans la ville où elles se taisent, évoquent son amour de la mer, et de grandes figures de l’art qui l'inspirent et la hantent, dont Friedrich Hölderlin.

Cette œuvre dense et ramassée, abondamment traduite en allemand, anglais, catalan, espagnol, italien, néerlandais, suédois, turc, suscite une grande ferveur auprès de nombre de ses lecteurs. Elle fait l'objet d'articles remarquables et d'études scientifiques internationales, ainsi que de multiples mises en voix.
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Source : http://www.editions-verdier.fr
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Bibliographie de Michèle Desbordes   (11)Voir plus

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Ecrits intimes : Michèle Desbordes : La Robe bleue
Olivier BARROT présente "La Robe bleue", de Michèle DESBORDES. Elle y relate l'ascension et la chute de Camille Claudel.Lecture d'un passage du livre par Jacques BONNAFFE.Musique classique en fonds sonore (non identifiée)Lieu de tournage : Cabourg, Calvados

Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
(...) là dans le jour, la saison qui s'achèvent, et tout autour il y aurait le parc, le jardin qui descend vers la rivière, la lumière qui tremble doucement. Il y aurait en ce lieu, en cet instant, une douceur rare. Un exceptionnel arrêt du temps. Vous comprendriez que soudain tout s'immobilise autour de vous. Que l'image se compose, n'en finit pas de se composer, dans la pâleur tremblante, ces formes, ces couleurs qui se détachent du néant auquel il y a peu encore elles appartenaient, c'est pourquoi elles gardent cette pâleur, cette forme d'apparition. Le temps s'arrête, il est cette pâte délicate et transparente comme l'argile, où s'impriment des formes qui ne sont là que pour témoigner de leur prochaine disparition, des visages, des sourires évanescents.
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Du monde perdu il restera ça, cette autre nuit, la nuit froide, la nuit d'hiver sur les épaules qui vous emportent. De ces mémoires, de ces bonheurs qu'on peine à dire, ressentant, éprouvant les régions obscures et reculées, où la parole ne peut aborder et la phrase s'échoue, le seuil ultime au-delà duquel il devient dérisoire de prétendre figurer le monde.
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Au retour un peu avant la ville il descendait de son cheval, détachait la bouteille d'encre accrochée à la selle, assis dans l'herbe il dessinait, l'île et les grèves, plus bas vers le couchant l'endroit où le ciel rejoignait le fleuve, l'horizon pâle lissé par la brume, l'or gris dans le fleuve. Plus tard quand arrivait l'émotion, il ne pouvait savoir si c'était ce qu'il voyait ou la mort que maintenant sans rien dire, chaque soir à la même heure, il sentait venir.
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Plus que jamais elle se taisait, et le silence et le regard détourné parlaient mieux que n'auraient fait les paroles, ils disaient l'habitde et la résignation, en elle parlaient toutes celles qui s'asseyaient sans rien dire près des fenêtres et croisaient les mains dans leurs jupes, comme en lui qu'elle regardait d'un regard fatigué vivaient tous les idiots, ce qu'ils voyaient n'était qu'un infime, misérable fragment du temps, sans fin ni commencement, depuis longtemps et pendant longtemps encore des gens comme eux s'arrêteraient dans une rue ou un jardin pour regarder un vieil âme ou un idiot, les observeraient en se disant qu'ils regardaient un âne et un idiot de tous les temps, inchangés, éternels comme le ciel et le soleil, les profondeurs effrayantes de la terre, le malheur, le bonheur.
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les cèdres et les tamaris dont on sentait les parfums sur toute la colline, et s’il faisait beau ils partaient sur les allées et marchaient dans le parc, parfois même sur les sentiers qu’il y avait après les pavillons, ils marchaient ensemble comme autrefois, foulant les broussailles et les petites garrigues, les odeurs très chaudes, et s’arrêtant pour reprendre souffle ils contemplaient les Alpes et le Lubéron.
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Car ce ne serait pas cette robe qu'on a dite, et qu'on voit sur les photographies, la robe triste et morne qu'elle revêt les jours qu'elle veut paraître bien mise, ce ne serait pas cette robe-là de vieille proprette et bien mise avec ses rayures pâles dans le sombre de l'étoffe, ce serait une autre, et qu'il ne lui aurait jamais vue, bleue comme ses yeux, bleue comme la mer où ils sont ce jour-là, une robe longue et bleue, si légère dans le vent, qu'elle lui paraît d'un autre temps, une robe comme autrefois lui semble-t-il, et d'un coton, d'une toile qui dit le radieux d'un jour d'été, une étoffe qui se lève dans le vent, légère bat les chevilles, et parfois d'un grand mouvement vole autour d'elle. Un calicot, une étamine bleue. Une toile douce où passe l'air, la brise du bord de l'eau.
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[ Incipit ]

Ils étaient arrivés par les coteaux, par la route qui après les derniers villages et les vignes rejoignait le fleuve, de loin ils avaient vu les toits gris et la crête des falaises et plus bas entre les saules des pêcheurs sur une barque. Par les sentiers et le petit bois ils avaient longé le fleuve, ils allaient lentement et menaient leurs chevaux au pas, ils regardaient les eaux claires, presque bleues dans le soleil et de l'autre côté du fleuve la plaine immense. C'était un dimanche matin et les cloches sonnaient, joyeuses dans le ciel d'avril, dans le vent frais qui chassait les nuages vers la mer. Des villageois menaient leurs bêtes sur la rive. Derrière, du côté de la Sologne, ils entendaient les aboiements d'une meute.
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Il la regardait comme on regarde ce que l’on découvre, sans faveur ni complaisance. Aux derniers jours du printemps elle dut prendre l’habitude du regard sur elle, se dire que le maître pouvait observer le serviteur comme il observait un arbre ou une couleur de ciel, un cadavre dans un fossé, parfois les choses les plus inattendues tranquillement et sans histoires devenaient si banales et ordinaires que si elles venaient à manquer la vie en était encore plus difficile, quand il se détournait elle le remarquait, puis l’air de rien se détournait à son tour. Il parlait des habitudes, de ce qui commençait et de ce qui finissait.
Il dessinait un visage, ni homme ni femme ni enfant, cherchait dans les cartons d’anciens dessins, le regard clair sous la paupière transparente, l’amas de boucles, recommençait, comparait, en Italie ils avaient parlé de l’ange, des délicatesses de fleur meurtrie à peine éclose, du creux du cerne sur la joue, cette impression de chaleur, de peau brûlante, l’émotion, le plaisir, comment savoir, tout parfois avait été si magnifique.
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Cette façon qu'a le monde en silence et dans une grande douceur, de se défaire d'un coup, de dire en peu de choses et peu de temps ce qu'il y a à dire. Que mourir n'était peut-être rien d'autre que s'étendre à demi sur un lit comme dans Rome il y a deux mille ans aux soupers de fête et regarder la mer tout le temps qu'il faudrait. Mourir dans les yeux de la mer un jour qu'elle serait bleue.
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Toi dont je parle, dont je n'ai jamais parlé (...) Ta mort allait s'immiscer, s'introduire là dans ma vie, de façon fulgurante l'infléchir, la bouleverser (..). Ignorant que le moment viendrait où il me faudrait parler de tout ça, te mettre dans un livre toi et le déchirement des choses.
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