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Citation de Partemps


« Prince d’Aquitaine à la tour abolie », un magnifique et chaleureux portrait dans Le Monde
d’Antonin Artaud : « Je tiens à ce qu’on voie Artaud, dès le départ, comme un homme
engagé dans une révision générale des concepts et des valeurs, et non pas comme une
quelconque anomalie, un artiste plus ou moins intéressant, un fou plus ou moins distrayant
(...) Il est un de ces esprits qui ne peuvent pas se mettre à écrire, ou à parler, sans toucher à
l’essentiel.» (Art, p.26 et 75) Le livre dépasse une simple biographie, même critique, du
poète-essayiste-homme de théâtre et de cinéma : toute une époque, les mouvements sociolittéraires auxquels Artaud a touché de près ou de loin, sont étudiés tout comme sont
évoquées les nouvelles ou anciennes approches épistémologiques et logiques qu’il avait
faites siennes.
Pour White, Artaud est un anarchiste qui « n’a jamais cessé de parler d’ordre et
d’essayer de penser l’ordre » (Art, p.160) et qui tenta d’introduire plus de lucidité, plus
d’organisation dans les diverses activités du groupe surréaliste. Il rejeta notamment tout de
suite la tentation de l’engagement communiste. La radicalité intellectuelle d’Artaud réside
dans son développement d’une logique non-aristotélicienne, une pensée pré-cartésienne qui
est aussi radicalement post-moderne.
L’art développé par Artaud dépasse la coupure entre l’humain et le non-humain, en se
gardant bien de laisser la prépondérance au premier. Dramaturge, rejetant le psychologisme
racinien, il s’inspire de la pensée upanishadique et du théâtre balinais pour réaliser son
théâtre total qui s’adresse tant aux masses qu’à une élite intellectuelle. White le cite à propos
des Cenci : « Je n’ai pas cherché à imiter Shelley, pas plus que je n’ai cherché à imiter la
nature, mais j’ai imposé à ma tragédie le mouvement de la nature, cette espèce de
gravitation qui meut les plantes, et les êtres comme les plantes, et qu’on trouve fixée dans
les bouleversements volcaniques du sol. » (cité Art, p.101). Mais ni le théâtre ni le cinéma
ne permettent à Artaud de retrouver la contact originel avec la terre. Il part pour le Mexique
où il redécouvre la puissance, l’énergie des mythes, « une parole où périodiquement, le
monde doit venir s’abreuver » (cité p.119) ; il y vit l’expérience transpersonnelle de « sortir
en soi »: « on se sent beaucoup plus heureux d’appartenir à l’illimité qu’à soi-même.» (cité
Art, p.110 et 118).
P101
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