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EAN : 9782843100710
302 pages
Editions littéraires et linguistique de l'université de Grenoble (01/07/2006)
5/5   1 notes
Résumé :

L’œuvre de Kenneth White, par son ampleur, son audace intellectuelle et sa force poétique, sort des normes habituelles et reste difficile à appréhender dans son intégralité. Ce livre se donne pour tâche d’en saisir la vivacité, d’en sonder la densité, d’en cartographier la cohérence et d’en dessiner les perspectives. Pour ce faire, il plonge d’abord dans les origines écossaises de l’auteur, évoquant toute une lignée qui va des moines celtes, ermites ou voyag... >Voir plus
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« Prince d’Aquitaine à la tour abolie », un magnifique et chaleureux portrait dans Le Monde
d’Antonin Artaud : « Je tiens à ce qu’on voie Artaud, dès le départ, comme un homme
engagé dans une révision générale des concepts et des valeurs, et non pas comme une
quelconque anomalie, un artiste plus ou moins intéressant, un fou plus ou moins distrayant
(...) Il est un de ces esprits qui ne peuvent pas se mettre à écrire, ou à parler, sans toucher à
l’essentiel.» (Art, p.26 et 75) Le livre dépasse une simple biographie, même critique, du
poète-essayiste-homme de théâtre et de cinéma : toute une époque, les mouvements sociolittéraires auxquels Artaud a touché de près ou de loin, sont étudiés tout comme sont
évoquées les nouvelles ou anciennes approches épistémologiques et logiques qu’il avait
faites siennes.
Pour White, Artaud est un anarchiste qui « n’a jamais cessé de parler d’ordre et
d’essayer de penser l’ordre » (Art, p.160) et qui tenta d’introduire plus de lucidité, plus
d’organisation dans les diverses activités du groupe surréaliste. Il rejeta notamment tout de
suite la tentation de l’engagement communiste. La radicalité intellectuelle d’Artaud réside
dans son développement d’une logique non-aristotélicienne, une pensée pré-cartésienne qui
est aussi radicalement post-moderne.
L’art développé par Artaud dépasse la coupure entre l’humain et le non-humain, en se
gardant bien de laisser la prépondérance au premier. Dramaturge, rejetant le psychologisme
racinien, il s’inspire de la pensée upanishadique et du théâtre balinais pour réaliser son
théâtre total qui s’adresse tant aux masses qu’à une élite intellectuelle. White le cite à propos
des Cenci : « Je n’ai pas cherché à imiter Shelley, pas plus que je n’ai cherché à imiter la
nature, mais j’ai imposé à ma tragédie le mouvement de la nature, cette espèce de
gravitation qui meut les plantes, et les êtres comme les plantes, et qu’on trouve fixée dans
les bouleversements volcaniques du sol. » (cité Art, p.101). Mais ni le théâtre ni le cinéma
ne permettent à Artaud de retrouver la contact originel avec la terre. Il part pour le Mexique
où il redécouvre la puissance, l’énergie des mythes, « une parole où périodiquement, le
monde doit venir s’abreuver » (cité p.119) ; il y vit l’expérience transpersonnelle de « sortir
en soi »: « on se sent beaucoup plus heureux d’appartenir à l’illimité qu’à soi-même.» (cité
Art, p.110 et 118).
P101
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Le poète français duquel White se dit le plus proche est Saint-John Perse, par
excellence le poète « pour qui l’Atlantique était l’ouvert, espace de déploiement d’énergie ».
White lui consacre un court essai, « L’oiseau migrateur », dans La Figure du dehors. Il y dit
sa réticence devant une certaine « inflation verbale » et une certaine rhétorique classique qui
empêchent le poète d’Anabase d’aller « jusqu’au bout du néant, là où le néant devient
nudité, et la nudité nouvelle idée (au-delà de la dialectique de l’exil et du royaume » (FD,
p.120). « Et pourtant (...), combien tous ces textes donnent envie de poésie, éveillent le désir
de poésie, font vibrer dans toute leur force les plus hautes énergies poétiques.» (FD, p.124)
P102
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Le Surréalisme et sa mouvance ...

Etudiant en littératures étrangères et en philosophie, à Glasgow, mon idée du
mouvement littéraire français me venait surtout à travers Montaigne, Diderot,
Rimbaud et Breton. (Poésie 96, n°64 , « La France, la littérature et moi »).
Pour White, le surréalisme est le mouvement intellectuel majeur du XXe siècle. La
découverte de ce mouvement au cours de ses années d’études l’a orienté vers Paris préféré à
Oxford comme lieu de recherche . Elle a aussi influencé sa décision de quitter son pays et
une carrière universitaire toute tracée afin de s’installer en France :
Quand je suis venu en France pour la première fois, j’ai été attiré par le
Surréalisme. Je ne suis pas surréaliste, je n’ai jamais été quoi que ce soit dans les –
ismes, mais je me suis beaucoup intéressé au Surréalisme parce que ce mouvement
avait des exigences radicales. Le Surréalisme voulait aller quelque part (...) C’est ce
qui a manqué en Angleterre. On dirait que là-bas le Surréalisme français ou
l’Expressionnisme allemand n’ont jamais existé. Il est facile de critiquer les -ismes,
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Malgré les apparences qui font de lui un phénomène purement moderne et
artistique, le surréalisme, lui aussi, dans le sillage de Rimbaud, fut une tentative
pour retrouver la racine archaïque, le paysage fondamental (...) Quant à la théorie
du surréalisme (...) Breton la trouve chez les « primitifs » (...)
Si Breton ( d’origine celte, son nom l’indique assez clairement ) peut se
référer aux Indiens de l’Amérique du Nord, c’est que, archaïquement, il appartient à
la même culture. Et s’il pouvait se reconnaître chez les Indiens d’Amérique, combien
plus allait-il pouvoir se reconnaître chez les « Indiens » de nos contrées. La poésie
celte lui fut une révélation. ( FD, p.46 )
P 100
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White se trouve donc amené à rapprocher les deux nomades, Rimbaud et Segalen,
pourtant si différents dans leur refus d’une situation « assise ». « J’ai interrogé Segalen un
peu de la même manière que Segalen a interrogé Rimbaud » (FE, p.10). Creusant sans
relâche la pensée de ces deux créateurs tôt disparus, il s’efforce de penser une continuité de
leur projet ontologique à l’intérieur du champ géopoétique.
Segalen apparaît comme un alter ego le plus proche de Kenneth White. Il est le
créateur sur qui White a le plus écrit à ce jour avec Thoreau. Dans les différents essais qu’il
lui consacre, allant vers un approfondissement, White suit toujours la même progression
biographique qui a mené le Breton de la Polynésie à la Chine, et jusqu’aux portes du Tibet :
un parcours marqué par trois livres: les Immémoriaux, Simon Leys, Stèles, et où le voyage
géographique correspond à l’ évolution existentielle et spirituelle de celui qui vécut ce
double parcours, intérieur et extérieur, consciemment voire délibérément ; « le voyage au
loin sera (...) un voyage à l’intérieur de soi-même ».(AT, p.78) « Il sait allier une vie de
sensation (dans son itinéraire, c’est Tahiti) à l’activité de l’esprit (c’est la Chine ), et aux
envolées de l’imaginaire (c’est le Tibet).» (PC, p.188)
Segalen annonce aussi le projet géopoétique par « une physique de l’écriture » (AT, p.79) :
Il pousse sa vie et sa pensée jusqu’aux limites. Et il dit tout cela au moyen
d’une parole dense, d’une écriture à la fois souple et tendue dont il a continué à
développer la pratique jusqu’à la fin de sa vie. Il cherche aussi d’autres formes de
littérature. C’est un des premiers à vouloir sortir de ce qu’il appelle « la forme
puérile du roman » et à cheminer, écrivant et pensant, d’une manière tout à fait
différente. Equipée, notamment, va dans ce sens. (PC, p.188)
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