AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


Je me tiens au milieu d'un labyrinthe de centaines de cabines téléphoniques, en rang, bien alignées. Alors que je cherche la sortie du regard, l'une d'elle se met à sonner.

Je sais instinctivement que je dois répondre, que c'est une question de vie ou de mort. Je retiens mon souffle pour essayer de définir laquelle c'est, ou au moins dans quelle direction elle se trouve. Je pense savoir et me dirige vers ce que je crois être le bon endroit, puis m'arrête, hésitante. Je me retourne, reviens sur mes pas.

Dring. Dring.

Maintenant, ca vient de la droite... non, de la gauche.

Dring, dring.

Je commence à paniquer. Une question de vie ou de mort, répète en boucle mon esprit, les mots s'alliant presque à la sonnerie, joueurs : vie ou mort, dring dring, vie ou mort, Liza, mort, Liza morte.

C'est une question de mort de Liza.

J'en perds le souffle et mon cœur s'emballe de plus belle. Je cours le long des rangées, toujours convaincue que le bon téléphone est juste devant. Ou derrière moi. Sur la gauche. Vers le bas. La sonnerie continue sans cesse, se transformant progressivement en battement, en injonction. Je vais arriver trop tard, me dis-je en passant de cabine en cabine.

J'arrive, tenté-je de crier, mais je découvre que ma bouche ne marche plus. Les mots sont comme des rochers devant être hissés hors de ma mâchoire rigide. J'essaye, grogné-je malgré la douleurs dans mes articulations. Pas... laisser. faire...mal... Vais trouver... je...

Mes yeux s'ouvrirent et je réalisai que le battement n'était pas un rêve. Et ce n'était pas non plus un battement. Plus le bruit des portes qu'on ouvre et qu'on ferme. Les portes le long du couloir de ma chambre.

Un frisson de peur remonta ma colonne vertébrale à mesure que le bruit se rapprochait. Ce n'était pas le vent. Ce n'était pas mon imagination.

Les claquements étaient à présent à deux portes de moi. Espérant les arrêter, je criai " Qui est-ce? Qui est là?"

Le silence se fit, plein et lourd, pendant un moment. Avais-je réussi à leur faire pe...

Ma porte se mit à trembler violemment, malmenant ses gonds et son verrou.

J'étais figée dans mon lit, ma respiration haletante, les larmes aux yeux. J'entendis un grognement, comme si ce qui secouait la porte faisait un énorme effort. Et puis, derrière le tremblement, j'entendis une voix chuchoter "Aurora".

Mon estomac se retourna.

- Qui êtes-vous? m'écriais-je.

- Aurora, murmura à nouveau la voix. Veux... Aurora.

- Allez-vous-en! Vous ne pouvez pas entrer.

- Peux pas entrer, chantonna la voix, laissant échapper un léger soupir. Entrer, entrer!

Il y eu un bruit de grattement le long de la porte à côté du verrou, comme si on raclait le bois à la recherche d'un point faible.

Tu aurais dû répondre au téléphone, songeai-je. Elle vient te chercher parce que tu n'as pas répondu au téléphone.

- Je suis désolée, dis-je à la porte. Je suis désolée de ne pas avoir répondu.

Le bruit s'arrêta abruptement. C'était tout? C'était tout ce que j'avais à...

Le grattement recommença, cette fois à la base du battant, comme si ce qui était dehors allait creuser un passage en dessous.

Je restai assise, fascinée, remarquant des détails étranges: le ciel passant du noir au bleu à l'approche de l'aurore, la douleur dans ma main causée par mes ongles qui s'y enfonçaient, la faille d'ombre sans fond sous la porte. A tout instant, " ça " allait entrer. Chaque muscle de mon corps était tendu, je pouvais à peine respirer.

Et puis en un instant, d'un claquement de doigts, ce fut fini. La porte s'immobilisa, les bruits s'évanouirent, et le silence retomba comme une lourde couverture. C'était comme s'il ne s'était rien passé.

Mais c'était réel. C'était réel.

Sous les couvertures, mon menton posé sur mes genoux, je trouvai ca de plus en plus difficile à croire.

Ce n'était pas possible. Les fantômes n'existent pas. Ce n'était pas possible.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}