Sentir pleuvoir sans plus, être vivant
tout l’univers s’est transformé en brume ;
plus haut, ma conscience comme une écume
où me parvient le lent égouttement.
En moi, morte toute énergie pendant
qu’avec la pluie toute vision s’embrume ;
et là, au fond, l’abîme où s’accumule
de la clepsydre l’eau ; le monument
de ma mémoire, et ses voix oubliées,
l’âme au dégoût de rester sans ressort ;
privée de lance et donc de bouclier
à la merci de tous les vents du sort ;
pareille vie, qui est vie dépouillée,
a-t-elle pour nom la vie de la mort ?