Mikaël Archambault (II)

Dans les cachots et en dehors An 2511, peut-être le 22 mars...
(sans mon journal à bord du vaisseau, difficile de dater)

Lisa se réveilla avec un horrible mal de tête et, en s’asseyant sur la vieille couchette miteuse où elle se trouvait, elle tenta de remettre toutes ses idées en place. Retrouvant peu à peu ses esprits, elle découvrit autour d’elle des barreaux finement ouvragés qui l’entouraient sur trois côtés, dans un métal qui lui était inconnu. À terre, il y avait une petite écuelle avec quelques nourritures prises d’assaut par des petits insectes. Et, coincée contre un mur délabré, mais suffisamment solide, elle retrouva Norah qui s’était recroquevillée sur elle- même, près de la seule et unique couchette de la geôle, avec une expression de tristesse visible sur son visage. Lisa chercha aussi Matt, mais il n’était ni dans sa cellule ni dans celles d’à côté.

— Norah ! Norah, où est Matt ? Où est-il ?
— Les gardes l’ont emmené tôt ce matin !... Lisa. Norah a très peur !

Une lumière aveuglante réveilla Matt, alors qu’il était dans une profonde torpeur. Il ne se sentait pas très bien, ses membres étaient encore engourdis dans sa combinaison spatiale, il souffrait atrocement au nombril, il sentait aussi son sang bouillir en lui et il avait du mal à ouvrir les yeux. Toutefois, en se tournant sur le côté – en grimaçant –, l’intense lumière s’atténua. Il essaya ensuite d’ouvrir un peu plus les yeux et la lumière réapparut plus intense, puis il distingua une forme étrange et allongée en face de lui, comme une tâche sombre devant la lumière.
Il retira alors son casque et cette chose leva la tête dans sa direction : une tête posée sur un long cou et accrochée à un corps massif. Se redressant devant lui, la créature s’étira alors de tout son long et il lui sembla qu’elle devait faire – d’après sa perception défaillante – plus ou moins trois mètres de long, car il pouvait distinguer également une immense queue. Il remarqua aussi deux longues ailes qui étaient plantées sur le dos de l’étrange créature.
Clignant des yeux, il se les frotta encore pour affiner sa vue, et put distinguer nettement les chaussures hermétiques de sa combinaison, tandis qu’il regardait ses pieds. Puis il leva la tête et vit correctement la monstrueuse créature.
Par réflexe, ou bien par peur, il fit un pas en arrière et tomba sur les fesses. Puis il se traîna encore en arrière sur un petit mètre, avant de se retrouver adossé à une paroi rocheuse, sans quitter la créature des yeux. Cette dernière fit mine d’être surprise de sa réaction, puis elle baissa la tête tout doucement et, du bout de sa gueule écailleuse et allongée, poussa quelque chose de rond et ferme dans sa direction.

Kumiko lui fit la bise et s’installa sur le rebord du lit, où elle testa le matelas par quelques rebonds tout en regardant Lisa avec amusement.

— Ne me dis pas que tu es venu exprès pour...

— Tu croyais quand même pas que tu allais garder tes petits secrets pour toi toute seule, non ? Raconte, c’était comment ? Je veux tout savoir ! Dis-moi tout, et dans les moindres détails !

— Kumiko ! Non !!! Je t’ai déjà dit que pourquoi tu t’es enfermée ? Non, laisse-moi deviner, voyons...

— Bon, d’accord ! Mais c’est pas pour ça que je vais te dire que...

— C’était un bon coup ? J’en étais sûre ! Il n’y a qu’à voir comment tu es... toujours secrète quand il s’agit de tes relations amoureuses !

La planète Terre et ses habitants… Cela fait bien trop longtemps que j’en suis parti et j’ignore comment ils ont évolué et s’ils sont aussi avancés que ceux ayant fait partie des Atlantes. Il nous faut donc plus d’informations ! Et je veux que vous preniez garde à ce que notre invitée ne rencontre aucune de nos nations soumises. Veillez aussi à ce que vos soldats ne se montrent pas violents en sa présence ! ordonna l’empereur sur un ton sec.

En tant qu’esprit, tu peux parfaitement interpréter mon langage, tout comme moi. Que ce soit par des images, des sensations ou simplement le fait de penser ou de parler,comme quand tu parlais de rentrer à la maison.