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Citation de art-bsurde


En 1974-1975, le Fonds monétaire international, suivi par la Banque mondiale, fit passer l'objet prioritaire de son attention des pays industrialisés développés à un tiers monde chancelant sous l'impact de la flambée des prix du pétrole. A mesure qu'augmentait le volume de ses prêts, le FMI multiplia et durcit les « conditionnalités » et « ajustements structurels » qu'il imposait aux nations débitrices. Comme l'économiste Frances Stewart le souligne dans son étude majeure, les « développements exogènes qui nécessitaient un ajustement n'étaient pas pris en compte par ces institutions – les plus important d'entre eux étant la chute des prix des biens de consommation et le coût exorbitant du service de la dette », mais toutes les politiques intérieures et tous les programmes publics constituaient un gibier légal pour l’imposition de coupes budgétaires. En août 1982, quand le Mexique menaça de cesser ses remboursements, aussi bien le FMI que la Banque Mondiale, en synchronisation avec les plus grandes banques privées, étaient explicitement devenus les bras armés de la révolution capitaliste internationale prônée par les régimes de Reagan, Thatcher et Kohl. Le plan Baker de 1985 (baptisé du nom du secrétaire au Trésor américain James Baker, mais dont les grandes lignes avaient été élaborées par son vice-secrétaire Richard Darman) exigea ainsi froidement que les quinze plus grands débiteurs du tiers monde abandonnent toute stratégie de développement de type étatique en échange de nouvelles facilités de paiement et de la permission de continuer à jouer un rôle dans le concert économique mondial. Ce plan poussa également la Banque mondiale aux avant-postes de la gestion à long terme des dizaines de programmes d'ajustement structurel qui étaient en train de façonner le meilleur des mondes du dénommé « consensus de Washington ».
Il s'agit bien sûr d'un monde où les exigences des banques étrangères et des créditeurs ont toujours priorité sur les besoins vitaux des urbains et des ruraux pauvres, d'un monde où l'on considère comme « normal » qu'un pays pauvre comme l'Ouganda consacre un budget douze fois supérieur au remboursement de sa dette qu'à son système de santé – et ce en pleine crise du VIH/sida. Comme le montre The Challenge of Slums, les PAS étaient « délibérément anti-urbains par nature », et visaient à renverser le « favoritisme » dont jouissaient auparavant les villes en matière de politiques sociales, de systèmes fiscaux ou d'investissements publics. Partout, le FMI et la Banque mondiale – agissant en tant que baillis des grandes banques, et avec le soutien des administrations Reagan et George H.W Bush – offrirent aux pays pauvres le même cocktail létal de dévaluation, de privatisation, levées des barrière douanières à l'importation, arrêt des subventions alimentaires, récupération forcée des coûts dans les secteurs de la santé et de l'éducation et réduction sans pitié de tout le secteur public. (Un message célèbre du secrétaire au Trésor George Shultz à des responsables d'USAID en poste à l'étranger disait ainsi : « Dans la plupart des cas, les entreprises du secteur public doivent être privatisées. ») Au même moment, les PAS ruinaient les petits propriétaires terriens ruraux en coupant les subventions dont ils bénéficiaient et en les poussant, à la hussarde, dans le grand bain des marchés mondiaux dominés par l'agro-industrie lourdement subventionnée du premier monde.
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