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Citation de OlivierMaldent


Combien de fois, ces dernières années, des femmes de toutes sortes m'ont reproché (seulement parce que je ne savais pas payer leurs sentiments de retour) ma suffisance. C'est un non-sens, je ne suis pas suffisant, mais, à vrai dire, je suis moi-même navré d'être incapable, dans mon âge adulte, de trouver le rapport véritable à l'égard d'une femme, de n'en avoir, comme on dit, aimé aucune. Je ne suis pas sûr de connaître les causes de cet échec, je ne sais pas si ces défauts du cœur sont innés ou plutôt s'ils plongent leurs racines dans ma biographie ; je ne veux pas tomber dans le pathétique, mais c'est comme ça : dans mes souvenirs très souvent s'éclaire une salle où cent personnes, en levant le bras, décrètent la cassure de ma vie ; cette centaine de gens ne savaient pas qu'un jour les choses commenceraient lentement à changer ; ils supputèrent que ma proscription serait à perpétuité. Non pour le plaisir de remâcher l'herbe amère, mais, par un entêtement qui est le propre de la réflexion, j'ai à maintes reprises inventé des variantes de mon histoire, imaginant ainsi ce qui eût pu se passer si l'on avait proposé, au lieu de mon exclusion, ma pendaison. Je ne suis jamais arrivé à conclure autrement que, même dans cette éventualité, tout le monde aurait levé la main, surtout si le rapport préliminaire avait, en termes lyriques, motivé la bénéfique opportunité de la peine. Depuis, faisant de nouvelles connaissances, hommes et femmes, nouveaux amis ou maîtresses possibles, je les transforme en pensée dans cette époque et dans cette salle et je me demande s'ils lèveraient la main ; personne ne résiste à cet examen : tous lèvent la main comme naguère le firent (qui avec empressement, qui à son corps défendant, par conviction ou par crainte) mes amis et connaissances. Admettez alors : il est difficile de vivre avec des gens prêts à vous envoyer en exil ou à la mort, il est difficile d'en faire ses intimes, il est difficile de les aimer.
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