Nulle part je ne me suis sentie aussi invisible et à cause de cela autant
vue. Par leur feinte cécité, ils me font exister à l’envers… Telle une verrue parmi eux. Et encombrante… Grande, blonde à l’excès. Vêtue différemment, je détonne. Les femmes de mon âge, ici, sont discrètes, s’habillent sobrement et semblent avoir abandonné toute velléité de séduction. Mon idéal n’a jamais été de ressembler aux autres. Toutefois je me remets en question : suis-je exagérément voyante pour qu’ils veillent tant à ne pas me voir ?
C’est un pays qui trompe son monde. Je l’ai découvert à mes dépens. Il faut toujours aller chercher au-delà des apparences. La vérité, si elle existe, n’est jamais simple et elle se dérobe sans cesse. Je n’ai, pour l’instant, que des interrogations. C’est peut-être une nation trop subtile pour quelqu’un qui l’est aussi peu que moi…