Il y a bien des choses que je n'aimais pas à l'école. D'abord, la craie. C'est vicieux une craie. La plupart du temps, ça glisse en formant de magnifiques mots sur le tableau. Et puis, sans prévenir, ça se met à crisser et tous les poils de votre dos dont vous aviez oublié l'existence se dressent d'un seul coup.
Les bruits de klaxon me réveillent. Encore allongé, je vois des sphères noires avancer là, tout près, en un véritable convoi. J'ouvre grand mes yeux, je suis allongé sur un trottoir. Au bout de mes pieds, la route et son cortège matinal de voitures. Quand je me retourne, je me demande si l'effet du joint est parti : l'escalier bouge ! Je veux dire, les marches de l'escalier montent toutes seules et disparaissent à son sommet, alors que d'autres surgissent juste à côté de ma main, depuis le sol. Mes sacs, où sont mes sacs ?
Ce matin ma mère me tend des feuilles, un encrier et une plume. Mon tour est venu. Je connais bien les signes maintenant et comme pour elle, les oiseaux du large sont mes yeux au-delà de moi.
C’est le sang du monde qui fait palpiter mon être