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Critiques de Monique Charles-Pichon (1)
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On habiterait le monde

Ce fut un projet vaste et douloureux, ce livre est votre vie. "On habiterait le monde", est une invitation à vous rejoindre. Votre parcours vous dictait de dire, la violence et la fragilité de la vie.



Vous extériorisez vos douleurs, nous donnant les mots pour les compiler. Par votre métier, en psychologie, et la finesse de votre écriture vous nous initiez à ces batailles intérieures, notre lot à tous.





Je vous accompagne Mme Monique Charles-Pichon. Votre recueil de textes poétiques a naturellement donné du temps à ce que je vais appeler, des confidences à un ami. A gauche le poème, à droite vos apartés. Pour une chronique sur des textes poétiques c'est l'idéal.



Il a suffit d'un geste d'un autre regard et tout se décomposa, les jours furent emportés loin des flots vivants de nos rivières motorisées, les fleuves se nomment A 13 ou A 15, on ne rêve plus de la nationale 7. Monique Charles-Pichon est de ce nouveau monde mais son âme vit aussi parfois au rythme des jours anciens.





A quel moment faut-il nommer, la blessure ? Elle est venue, l'autre...

Et le regard flambe de honte, d'impudeur, de disgrâce, car un regard d'amour est effrayant pour celle qui n'est plus regardée. "Je l'ai regardée, comme tu devais la regarder, comme j'avais été regardée", page17.

Le vide ouvre ses nuits. le monde s'écroule, apprend la mort, une surface morne, sans aucun relief, la disgrâce avant l'oubli, avant le dénuement.





Une lancinante interrogation, monte quand vous pensez à la fille et à la femme que vous étiez, et vous persistez à les croire. Vous avez des images belles et magiques pour raviver vos souvenirs d'amoureuse. Je lis page 12,

"Nous amoureux,

Enlacés et dénoués

Ouverts dans le bleu et le vert des îles

En fronde, en fondrière

En ondes, en rires

En effronterie et en effondrement".





On se souvient souligne Monique page 30:

"C’est une nuit à l’ancienne, ruisselant de ciel, brodée de rivière et d’éclats d’eau..."

"Cette nuit, tu la connais comme si elle t’avait faite

Tout à l’heure l’odeur de sauge va se lever…

Alors les vieux amants glisseront dans l’herbe haute".





"Quels sont les mots pour tout reconstruire" ? Me souffle Cabrel. Sommes nous préparé à cette lente remontée, celle que connaissent les apnéistes. La tête devient un bocal agité de joie et de trop d'inquiétudes avant le pallier de 10 mètres.

Chaque étape que vous posez dans ce second versant de votre vie, est un moment pour aller vers plus de vie et d'espoir. Cette sorte de journal intime est aussi fort par l'écriture que par les thèmes abordés.





Vous avez trouvé le fil conducteur de cette remontée. Bravo. Ce sont les réflexions amassées au jour le jour, comme ce qui précède la prise d'air finale.

"Ces pas toujours en arrière

Quelque part dans un champ clos

Mon corps pend au fil de fer

Avec tout le ciel sur le dos."

Ces quelques vers de René Guy Cadou introduisent bien votre journal.

"Il fait sombre comme jamais!" page 35 et page 33, "Il faudrait saisir ce qui nous échappe". La grâce d’un geste ignoré, notre visage dans le sommeil, notre dos désarmé.

"Sentir le ciel nu, ce serait bien comme bout du monde", page 53. Monique vous avez vu votre vie comme nous, apnéistes, cette image je la garde, si belle, si osée.

"La lumière divorcée étale sa palette au couteau, palette des douleurs", page 52.





C'est bien le retour, à la vie, à une nouvelle respiration, le regain de l'inspiration dans les tons de bleu avec tout le ciel sur le dos.

Viens et suis moi, écoutes la vie, semble murmurer une source nouvelle.





 « Une vie plus loin je te parle…Tu dis « Viens ».

Tu écartes les mots avec l’évidence de l’amant qui écarte les draps, qui ne se lasse pas de celle qu’il connaît…Tu chuchotes : "Il fait novembre sur New York". "Je vois l’estuaire et le vert de l’Atlantique…le ciel et la mer qui se versent, l’air va partout, versatile et jeune, comme un fou", page 58.

Quant à moi, novembre à New-York, c'est le temps du marathon, le plus beau, le plus recherché des marathons, j'en ai plein de souvenirs de ces jours là.





Vient le temps de recomposer les mots, Fanny Stevenson puis Cadou et surtout pour vous Winnicott, sur le rivage des mondes infinis, se tient la grande assemblée des enfants.



Ré-agencer les mots et dire la colère. "La colère est rouge sang. C’est une vigie dressée. C’est dans les terres l’amer. La colère tient les yeux ouverts", page 149.

Je vois que le poème ne dit pas non à la mort.

Les vôtres disent oui à la vie du haut de vos 70 ans. Ces mots témoignent enfin que vous avez retrouvé le parfum de vivre d'échanger et tout reconstruire.

Oui direz vous au bout du chemin, "je suis une survivante", vous le soulignez le 12 octobre 2018 sur votre journal, commencé lui le 3 décembre 2016 .





Quelle traversées, aux multiples invitations, à lire, citer, découvrir, un chemin, noir parfois, qui s'affiche dans les pas de Fanny Stevenson, mais moi je pense à Sylvain Tesson.

L'écriture déployée par Monique est à mi chemin entre la poésie et le roman intimiste de voyage comme le pratique Jean-Paul Kauffmann.



Une très belle réussite.

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