Essai universitaire consacré à un personnage mythique de la littérature britannique du XXe siècle : Peter Pan. C'est une plongée dans un mythe moderne noir et tragique d'une richesse infinie (considérablement éloigné de l'adaptation édulcorée mondialement connue de Walt Disney).
En rupture complète avec la littérature jeunesse très éducatrice et moralisatrice de l'Angleterre victorienne, James Matthew Barrie propose une lecture de pur divertissement. L'adulte s'efface pour laisser toute la place à l'imaginaire.
Cet essai est une porte d'entrée vers les intertextualités, mythes et légendes qui se cachent entre les lignes et qui apportent à l'univers de Peter Pan toute sa profondeur : le dieu païen Pan, le mythe de Léthé, le mythe biblique de Caïn….
Dans une analyse de texte méticuleuse, nous découvrons que le personnage de Peter symbolise l'enfant mort chargé de guider les âmes des petits anges tombés trop tôt du berceau. Dans toute sa complexité et son ambiguïté, Peter Pan demeure un régal pour les psychanalystes (refus de grandir, jeunesse éternelle, fuite des responsabilités…). L'essence de l'enfance y est incarnée dans toute son exubérance, sa capacité d'imagination, sa cruauté et son égoïsme. Il est passionnant de découvrir la manière dont le personnage s'inscrit dans la lignée du dandy ultime et éternel d'Oscar Wilde : Dorian Gray.
Décryptage au peigne fin de Neverland, un méta-imaginaire menaçant et hors du temps qui concentre les référents enfantins. L'oubli s'avère toute puissante , la mort devient un jeu dans un cycle perpétuel assasin, implacable. Le crocodile chronophage est la représentation de l'insaisissable éternité qui règne sur cette île imaginaire.
La bibliographie en dernières pages est une mine d'or pour qui a envie de creuser le sujet.
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