Morgane Pineau

Il est évident que vous serez contrainte de respecter un certain nombre de règles nécessaires à la sécurité de chacun. Mais vous pourrez relire tout cela à tête reposée, car tout est stipulé dans le contrat qu’on va vous remettre et qu’il faudra me rapporter, signé bien sûr. » Elle la raccompagna, lui tendit la main et la serra vivement avant de laisser Mélissa Paskel repartir profiter de sa dernière journée de liberté.

La peur l’avait poussée à se cacher, sans qu’elle en soit réellement consciente, derrière un mur qui entourait son cœur. Il est tellement facile de tirer des conclusions hâtives sur les gens et croire qu’ils sont ce qu’ils paraissent. Mais en vérité, bien souvent, ce ne sont que de faux-semblants, de la peinture, des déguisements pour dissimuler ce qu’il y a de plus fragile en chacun de nous.L’avantage, c’est qu’elle était toujours très professionnelle dans son métier et c’est probablement ce qui lui avait permis d’arriver si loin et d’être considérée comme l’une des meilleures par ses collègues. Le nombre d’enquêtes non résolues pouvait se compter sur les doigts de la main. Il est vrai qu’elle n’était pas non plus en poste depuis des années, donc cela faussait un peu les statistiques. Mais tout de même, son taux de réussite était important par rapport à la totalité des affaires qu’elle avait vues défiler.

Un trait de khôl finement dessiné sur chacune de ses paupières, un peu de blush sur les joues et un rouge à lèvres assez discret, appliqué avec le plus grand soin, rendaient son visage particulièrement joli. Nul doute : elle était fin prête à affronter cette journée des plus importantes pour elle.Elle descendit les quatre étages de son immeuble d’un pas décidé, appuya sur le bip de sa télécommande afin de déverrouiller l’ouverture automatique du garage, puis regardant sa montre, se précipita dans sa voiture. Elle ne devait absolument pas être en retard, surtout pas aujourd'hui. Il fallait faire bonne impression. Elle jeta un œil dans le rétroviseur pour vérifier une nouvelle fois sa coiffure. Parfait ! Elle voulait mettre toutes les chances de son côté pour séduire la personne qui allait normalement devenir son patron si tout se déroulait comme prévu. 

Tallia était d’ailleurs tout aussi impressionnante. Sa beauté à elle, résidait en premier lieu dans un regard très expressif, ses yeux marron étaient tout à fait irrésistibles et elle avait les cheveux châtains, coupés assez courts.Le commissaire, quant à lui, était un homme un peu bourru, mais loin d’être méchant. Il avait cette fâcheuse réputation de râler pour un rien et vous bousculait assez facilement. Ce qui n’était finalement pas plus mal puisqu’ il vous poussait sans arrêt dans vos retranchements pour faire ressortir le meilleur de vous-même, et l’efficacité avec laquelle il dirigeait tout ce petit monde était sans conteste. On voyait bien qu’il était né pour cela. Une petite chose pourtant le dérangeait particulièrement dans son métier : il avait une sainte horreur des journalistes que d’ailleurs il surnommait les « fouineurs ».

Elle avait l’air de reprendre goût à la vie. Il mit cela sur le compte du temps qui avait dû faire son effet et qui avait peut-être enfin réussi à apaiser sa souffrance. Quoi qu’il en soit, Alexis Paskel, loin de se poser trop de questions sur le pourquoi du comment, bénissait cet instant où sa fille avait réappris à vivre. Lorsqu’il raccrocha, il poussa un soupir de soulagement : « Tout s’est très bien déroulé, ma petite princesse est de nouveau en selle. La voici prête à conquérir le monde », se dit-il.

Cette magnifique brune aux cheveux ondulés et aux yeux noisette avait toujours fait passer son métier avant tout le reste. C’est vrai qu’elle l’adorait, mais ce n’était pas seulement ça ! Sally était pétrifiée par tout ce qui touchait de près ou de loin aux sentiments. Pour elle, l’amour ressemblait à une perte totale du contrôle de soi et elle ne voulait pas y succomber. Elle avait bien eu quelques histoires, mais jamais quelque chose de bien sérieux.

Elle possédait un atout non négligeable dans son jeu : son père ! Un homme très influent. Bien qu’il n’ait pas réellement compris ce qui pouvait attirer sa fille dans le fait de travailler pour la police, il avait fait jouer ses relations pour qu’elle soit formée par les meilleurs. Elle était tout pour lui et il s’était toujours juré de faire en sorte qu’elle ne manque de rien. Il aurait cédé à n’importe quel caprice pourvu qu’elle soit heureuse.

Les rares moments où le commissaire s’entendait avec eux sur leurs techniques, c’était lors d’enlèvement. Pour ce genre d’affaires, l’information était capitale et avait souvent apporté une aide précieuse à la police.Dans ces instants, plus de guerres entre clans ! Au contraire, leur rapprochement étaitsouvent la clé du succès et l’on pouvait alors enfin apprécier une trêve.

Elle s’enfermait dans un mur de solitude fait de secrets perpétuels et cela finissait par la miner. Et puis, le nouveau bonheur de cette dernière n’arrangeait rien ! Non pas qu’elle ne soit pas ravie pour elle, mais cela, lui renvoyait l’image de tout ce qu’elle n’avait pas ! Tallia respirait la joie de vivre depuis que son histoire avec le fils du légiste avait commencé !

Au fur et à mesure, elle s’enfermait dans une vie qu’elle n’avait pas choisie, une vie d’attente et de faux espoirs, une vie où tout était dirigé par l’emploi du temps et le bon vouloir d’un homme qui a des obligations ailleurs… une vie où l’on n’est finalement personne ! Sa liberté la quittait chaque jour un peu plus et l’estime de soi diminuait en même temps.