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Citation de Charybde2


Ils étaient partis à cinq heures du matin, avec des rations de combat pour deux jours, le train-train. Le sous-lieutenant connaissait ce chemin par cœur, à en avoir la nausée. Tous les points de repère étaient gravés dans sa mémoire, la distance qui les séparait, les détails du parcours. C’était d’abord le bosquet d’anacardiers, ensuite l’acacia pareil à une main dressée, ensuite l’endroit où ils avaient trouvé le lion mort, ensuite le morne où ils avaient tué à la grenade le vieux nègre qui leur tirait dessus à bout portant, ensuite la butte où avait eu lieu l’embuscade de septembre, ensuite le baobab, m’bondo comme iles disent, toujours rempli d’oiseaux, un peu plus loin la clairière tapissée de feuillages et de branchages désséchés, ensuite…
Un claquement métallique, sec, net, retentit dans l’air. La file s’immobilisa. À moitié courbés sur leurs armes automatiques, les hommes quadrillaient tout le secteur, tendus, nerveux, farouches.
En plein milieu de la piste, le sous-lieutenant ne bougeait plus. Il était à l’arrêt, très droit, les deux bras légèrement écartés du corps, le visage pétrifié, regardant droit devant lui. Il tenait son arme par le cache-flammes, comme quelqu’un qui cherche à maintenir un équilibre problématique à l’aide d’un contrepoids.
– J’ai marché sur une mine ! J’ai marché sur une mine, merde ! répéta-t-il, presque sans bouger les lèvres, à l’adresse du brigadier qui s’approchait, inquiet.
Et il y avait dans les mots du sous-lieutenant un ton de profonde tristesse, au-delà de la gravité ou du simple constat.
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