Elle a trouvé. En moins de cinq minutes, Lila et elle riaient aux éclats. Moi je n’arrivais pas à ne pas penser aux horreurs qu’avait subies la fillette. Aux horreurs que ma Lila venait de découvrir. L’idée de l’autre petite encore aux mains de son tortionnaire depuis trois jours me hantait. Et je n’avais rien fait pour essayer de la retrouver depuis l’instant où j’avais quitté le bureau. J’ai donc repris ce satané dossier avec ses immondes photos et je suis retournée au bureau, laissant Lila et Jeanne se consoler ensemble de leurs maux de la journée. Je n’étais pas certaine de savoir de quoi je m’en voulais le plus, mais je m’en voulais à mort. Et plus encore j’en voulais au monstre qui avait provoqué tout ça.
J’ai arrêté de me marier. C’était trop de soucis. Le prenez pas mal, mais les femmes, hein… faut toujours leur rendre des comptes… vous pouvez leur chanter votre amour ou leur déclamer des vers, rien à faire ! Faut toujours expliquer, justifier, prouver…
Depuis qu’on avait treize ans, j’étais une véritable calamité sentimentale et un vrai boulet en matière de sexualité. Sur le principe, je n’avais rien contre le sexe pour le sexe, mais dans les faits, il fallait toujours que j’y mette du sentiment… et chez moi, le sentiment prenait presque toujours des allures de passion dévastatrice et si ça, c’est pas du repoussoir à mecs… Alors qu’elle avait toujours eu un don incroyable pour la légèreté. À tel point qu’à ma connaissance elle n’avait jamais été vraiment amoureuse. Elle papillonnait. Pendant que moi je m’amourachais et passais plus de temps à soigner mes chagrins d’amour qu’à aimer.
C’est toujours plus payant quand on se déplace si on veut faire valoir une urgence, mais là je n’en avais pas vraiment : je ne dirigeais pas l’enquête dans l’affaire Antoine et ce n’était pas à moi de ruer dans les brancards pour faire activer les choses.
Dans la vraie vie, la justice, c’est le boulot des juges. Les flics font régner l’ordre. Ils sont gardiens de la paix, pas garants de la justice. Et un flic alcoolo est un flic à courte carrière.
Avec un tueur en série, autant mettre toutes les chances de votre côté. Un criminologue, ça sert pas à grand-chose, mais parfois ça donne des idées, ça vous fera peut-être avancer.
La justice est pour les vivants. La vengeance pour les morts. Les morts, ils peuvent éventuellement te hanter, mais pas te mentir. Et encore moins te harceler.
Le tueur n’avait pas l’élégance de nous laisser une signature claire et on devait compter sur les empreintes pour nous confirmer qu’il s’agissait bien de lui.
On a tendance à penser que quand la police s’ennuie, c’est que le monde va mieux, mais c’est faux, ça veut juste dire qu’on est en retard sur les criminels.
L’avantage des putes toxicos, c’est qu’on trouve toujours un prétexte pour les embarquer, bon ou mauvais. Et elles sont rarement en état de s’en offusquer.