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Citation de Charybde2


Vous pensez que vous avez des problèmes ? Moi, je suis en train de me faire dévorer par un ours ! Oh, mais désolé, toutes mes excuses, écoutons donc vos problèmes ! Mmm-hmm ? Alors comme ça, votre patron est méchant avec vous ? Et votre voiture vous cause des soucis ? Et vous vous inquiétez pour l’environnement ? Tiens donc ! Votre environnement vient juste de me bouffer un pied ! Je pisse mon sang sur votre environnement. Et ce n’est pas ce qui me soulagerait de toute la souffrance et de la peur que j’éprouverais si je ne m’étais pas aussi bien prémuni contre les sensations déplaisantes en avalant tout un tas d’analgésiques aux propriétés miraculeuses. Enfin, piètre consolation : je peux donc à présent affirmer sans crainte d’être contredit que MES PROBLÈMES SONT PIRES QUE LES VÔTRES. Alors fermez-la avec vos problèmes, OK ? Bon.
Si vous étiez réel, si vous étiez vraiment ici, et si vous étiez quelqu’un de bien, je suis sûr que vous auriez déjà appelé LES SECOURS. Ou peut-être vous seriez-vous réfugié dans un arbre, mais, quand l’ours aurait cessé de me mâcher et serait tranquillement reparti chez lui, vous seriez sans doute descendu de votre perchoir à lopette, vous auriez pris mon pouls et m’auriez demandé si je me sentais bien ou, plus exactement, si je n’étais pas encore mort. Une fois la certitude acquise que je n’étais pas encore mort, vous auriez couru chercher un garde forestier, ou une ambulance tout-terrain ou un hélico de sauvetage dont le rayon d’action serait suffisant pour atteindre cet endroit perdu au milieu des immensités sauvages de l’Alaska. Une équipe de secours serait venue s’occuper de moi pendant qu’une colonne de recherche se serait lancée aux trousses de ce damné ours noir pour lui exploser sa grosse tête poilue. Et, dans l’idéal, il y aurait aussi eu une dépanneuse pour remorquer mon Range Rover jusqu’au concessionnaire d’Anchorage. Et là j’aurais fait jouer mon assurance tous risques – oh ! si coûteuse mais si précieuse – pour que ma pauvre et adorable machine roulante fût réparée, briquée, révisée et ravitaillée en attendant ma complète guérison. Et puis, tous les deux – c’est-à-dire moi et ma voiture -, nous aurions repris la route dans le soleil couchant et ne nous serions plus jamais aventurés au nord de Vancouver.
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