En temps ordinaire, Sienna lui aurait rendu la monnaie de sa pièce, lui aurait dit que ses manières de vieille fille maîtresse d’école, elle pouvait se les carrer dans le fignedé… Mais là, elle préféra ne pas relever. Après tout, elle n’était que de passage, elle n’avait nulle intention de piquer le job de quiconque, ni d’imposer sa façon de faire…Une pige, rien qu’une pige de quelques jours. En même temps, c’était la confirmation éclatante qu’un environnement de gratte-papier n’était pas fait pour elle. Ni d’ailleurs, le travail en équipe…
Elle se sentit comme une petite fille à qui on promet une glace. Comme une pile à combustible qui se charge de tout ce qui l'entoure. C'est à dire des mille et une couleurs, de la douce bise regorgeant d'ions négatifs et des senteurs de pins et d'algues marines, le cocktail complet pour se détoxifier les sens comme le dirait la pub pour un produit de beauté.
Il pouvait difficilement nier que cette journaliste avait du chien et qu’il serait tentant d’amorcer une relation avec elle. Mais il avait juré sur la tombe de Béa qu’il ne chercherait pas à refaire sa vie tant qu’on n’aurait pas formellement incriminé son assassin. Le type qu’on avait soupçonné, puis arrêté et dont le procès avait conclu à l’irresponsabilité pénale, n’avait pas tout dit. Depuis l’aiguillon du doute ne cessait de l’asticoter.
Avec ces appareils et leurs millions de pixels, il faut vraiment le vouloir pour rater des photos !
Elle s’était laissé immerger dans ce monde, dans ce cocon confortable, autant par commodité que par affabilité. Il y avait pas mal de désinvolture dans son attitude mais aussi pas mal de procrastination.