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Citation de lanard


Et comme rien de ce qui paraît ne se manifeste à un spectateur unique, susceptible de rassembler ou de totaliser tous les aspects du réel, la nature phénoménale de la politique interdit toute position de maîtrise et de surplomb. A cet égard, Machiavel pourrait bien être le grand éducateur: celui pour qui la "vérité effective" de la politique réside dans un entrecroisement, un entrelacs ou mieux encore une entre-appartenance qui déconstruit de facto la vision binaire de maître tout-puissant face à l'impuissance radicale des sujets. Le Prince n'est pas maître de la représentation qu'il veut offrir aux autres et que ceux-ci lui renvoient dans un jeu de miroirs nécessairement instable. Ses qualités - vraies ou supposées - sont vouée à une ambiguïté consubstantielle: offerte à la vue des hommes dans un espace d'apparition, elles sont celles que l'opinion reconnaît. C'est dire combien le pouvoir est labile et sa maîtrise instable: il requiert l'assentiment, la reconnaissance, le jugement porté sur l'image qu'il choisit de présenter. Un tel régime de vérité est irréductible aux termes de la condamnation morale. C'est face à des sujets que le Prince se constitue comme tel, c'est face au Prince que les sujets se donnent pour ce qu'ils sont. De cette relation procède, entre autres, la transformation - la transfiguration - des expériences propres à la vie publique: expériences où précisément nous sommes avec autrui (pour ou contre, peu importe) et où nous nous révélons les uns aux autres. Telle est la "vérité" du politique. A travers sa dimension phénoménale, elle reconduit à l'exercice du jugement et de l'opinion ainsi qu'aux conditions du monde commun.
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