Naguib Mahfouz

La plage était presque vide. Les vacanciers n'étaient pas là et les Grecs qui possédaient, ici, une maison se trouvaient loin de la plage. L'amour voletait, dansait dans ce paysage enchanteur, et les yeux de 'amm Ibrahim disaient son émerveillement, comme si, enfant candide, il faisait fête au monde, pour la première fois. Il n'avait jamais vu la mer auparavant, il n'avait même jamais franchi les limites du Caire. Aussi était-il ébloui par la mer houleuse, la grève étendue, le ciel couvert de petits nuages. Il se mit à écouter le rugissement de la mer, un sourire heureux flottant sur ses lèvres. Il s'était affranchi de ses chaînes et planait maintenant dans le rêve, se délectant du chant d'amour que tout son être modulait.