Pourquoi a-t-il commencé à peindre en couleur ? Cadène n'en sait fichtre rien. Avec le recul, il se dit qu'il a peut-être été influencé par l'univers publicitaire, «un monde d'où la morosité est bannie», dans lequel il a baigné pendant deux décennies avant de se consacrer à la peinture. L'hypothèse vaut ce qu'elle vaut. Mais la couleur et Cadène, c'est avant tout l'histoire d'un coup de foudre. Une fulgurance, par définition impossible à expliquer. L'artiste laisse aux autres, galeristes, marchands d'art et amateurs éclairés, les «experts» comme il les nomme avec malice, le soin d'analyser son talent de coloriste. «Quand je les entends discuter ainsi de ma peinture, commenter à l'infini pourquoi ce vert entre un bleu et un violet, se gargariser de leurs belles explications, ça me fait sourire.
Dès l'entrée, elle vous saute aux yeux. Elle est partout, envahit tout. Les toiles, les tables et les outils de travail, mais aussi le sol en béton brut, les murs et les piliers, la poubelle ou le tabouret. Dans l'atelier de Bernard Cadène, chaque objet, chaque centimètre carré porte les stigmates de la passion immodérée du peintre pour la couleur. Un vrai feu d'artifice ! Qu'on le questionne sur l'origine de cet amour fusionnel, l'homme déclare n'y rien comprendre, lui qui, à ses débuts, peignait beaucoup dans les noirs et les gris. La couleur serait entrée en lui par effraction, d'un seul coup, il y a vingt-cinq ans, prenant le contrôle de son imaginaire.
«La couleur, c'est la lumière, c'est la gaieté, la musique, les copains, c'est l'amour et l'humour.»
«Arrêter de dessiner ou de peindre, je ne peux pas l'imaginer. J'aimerais mourir en peignant.»