Alors que la psychologie légale constitue une spécialisation transdisciplinaire relativement ancienne et particulièrement dynamique, son existence en tant que discipline scientifique à part entière est largement méconnue en France, et ce de la plupart des psychologues eux-mêmes.
Ce qui considéré comme moral n'est pas toujours légal et, inversement, ce qui est autorisé légalement ne l'est pas nécessairement d'un point de vue moral. Cette distinction entre jugement moral et jugement pénal explique le décalage récurrent entre notre besoin fondamental de justice (Taylor, 2006) et la réalité des décisions judiciaires.
Quoi qu'on en pense, la valse s'est amorcée sans trop d'harmonie puisque, dans le cas de la Psychologie du moins, la Justice ne cerne pas exactement ce qu'elle peut ou non lui demander. Pire encore, elle a investi le psychologue de "sapiteur', de "sachant", ce que ce dernier ne devrait jamais prétendre être. Même s'il a souvent joué le jeu, le psychologue, de son côté, ne sait souvent pas exactement en quoi sa discipline peut contribuer au travail de la Justice, ce qui le conduit fréquemment à confondre la "réalité psychologique" qui relève de son domaine avec la "réalité factuelle ou historique" qui relève de celui de la Justice. L'imbroglio persiste d'autant plus chez les deux professions que chacune y trouve son compte pour l'instant.
L'approche psychologique part du postulat que les caractéristiques personnelles (capacités, valeurs, expériences, etc.) de toutes les personnes impliquées dans le système judiciaire (la victime, le policier, l'avocat, l'expert, le juge, le juré, l'accusé, etc.) affectent le fonctionnement de ce dernier. Mais, comme le rappellent à juste titre Wrightsman, Nietzel et Fortune (1998, p.9), le comportement des justiciables et des professionnels de la police et de la justice ne résulte pas uniquement des qualités internes de chacun mais plutôt de l'interaction de celles-ci avec l'environnement dans lequel ils évoluent.
La popularité des séries policières télévisées et des magazines de faits divers n'est-elle pas révélatrice de l'attrait général suscité par le crime ? Cet engouement se traduit aujourd'hui par le développement des formations (initiales ou continues), des recherches et des pratiques en criminologie (Gassin, 1990) et en victimologie (Cario, 2001).