Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu une intrigue aussi longue, aussi complexe. 9a faisait longtemps que je n'avais pas lu un ovni aussi étrange : à la fois prise en haleine, trompée, baladée. Ça faisait longtemps également que je n'avais pas lu un roman écrit par un homme qui parvient à donner corps à des personnages féminins aussi attachantes, aussi balèzes tout en restant fragiles et sensibles. Toustes les personnages sont à la recherche de quelque chose, dans ce roman, et souvent on (ielles-mêmes) ne sait pas tout de suite quoi. Il y a une telle subtilité dans les rapports intimes, j'ai rarement lu ça. C'est un roman éminemment politique qui ne s'explicite jamais. Notamment les rapports de genre sont remis en question tout au long de ce roman qui (à mon avis) traite de la violence violence masculine, parmi tant d'autre choses et avec une agilité surprenante. Bisq nous invite à laisser de côté les évidences, les idées reçues (en matière de littérature aussi !) et de se laisser emporter par un délire doux, décalé et bouleversant.
Je ne pourrais pas résumer l'intrigue, ça part dans tous les sens, mais petit à petit, très lentement, on commence à saisir les rapports entre pleins de petits détails qui s'emboîtent et tissent un magnifique palais. Tout ça avec un style (plusieurs styles!) poétique parfois déroutant, parfois lyrique, souvent très juste. Je demeure très émue et un peu confuse.
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On parle souvent d'un livre en termes d'OVNI pour dire qu'il est absolument singulier, qu'il déjoue les codes. J'ai l'impression qu'il s'agit souvent de complaisance: regardez combien ce livre / combien je suis non-conformiste ! Plein soleil m'a semblé très particulier dans le sens où le roman nous imprègne de certains codes, et, au moment où nous les avons bien intégrés (première partie), ça s'effrite, puis se délite et se met à flotter (deuxième partie) et puis on reconstruit pas à pas des amorces pour des codes réellement nouveaux (troisième partie). Enfin c'est comme ça que j'ai vécu ce roman. J'écris "vécu" parce que c'est un roman très corporel et sensoriel, et même ce qui me rendait méfiante de prime abord (la mise en page "expérimentale", par exemple), a fini par faire intimement partie de comment je vivais l'histoire. En trois mots, c'est un roman poétique, haletant et intelligent. J'ajouterais étrange, comme il est étrange qu'il soit mal référencé sur Babelio : la couverture, le nombre de pages (530), les étiquettes. Que ce soit voulu ou non, l'auteur cultive le mystère, et l'on comprend, en lisant Plein Soleil, à quel point le mystère peut avoir une visée politique.
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J'ai lu "Plein soleil" avec une boule dans le ventre. Je craignais que le labyrinthe d'énigmes ne se résolve jamais, mais les dévoilements et retournements vers la fin m'ont bluffée. Quand j'y repense occasionnellement, je me rends compte que pas toutes les énigmes ont été résolues. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Ce que je sais, c'est qu'il est rare de trouver une plume aussi - littéraire? poétique? expérimentale? - au sein d'une histoire aussi ficelée. Bien que le côté "ambitieux" de ce premier roman m'ait agacée par endroits, j'ai adoré son côté "malicieux". La forme et le contenu s'accordent à merveille.
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