Quand tu étais petite, tu mangeais de la cervelle. Le plat était préparé au beurre avec du persil. C'était bon, rosâtre, mou. Ca glissait dans la bouche sur le toboggan de la langue. Chair en rosace traversée de cheveux de sang. Les triperies ont disparu des rues commerçantes (...) Les cervelles sont effacées des menus. Mais un jour, tu aperçus dans l'assiette d'un vieux monsieur à côté de toi chez Chartier, Faubourg Montmartre, une cervelle préparée à la mode de ta grand-mère, ce mets qu'il faut avaler car ça rend intelligent... L'idée de cette matière tendre écrasée contre ta langue t'accable aujourd'hui de nausée.