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Citation de Tandarica


Nichita Stănescu
L'élégie de l'œuf, la neuvième

Dans un œuf noir je me laisse chauffer
par l'attente du vol habitant en moi ;
demeure l'un près de l'autre, collé,
le soi près du soi.
Le sentiment d'une aile coule dans mon dos,
la sensation d'œil cherche une orbite.
Oh, toi, grande obscurité,
toi, dégoûtée naissance immobile.
Une idée s'est assise sur moi
et me couve, maternelle.
Maintenant, tout ce qui existe est
ronde et ferme chaleur.
Sort de moi un genre de bec
de toutes les côtés et à la fois.
Refuse d'être un obélisque
l'échine intime, courbée.
Je casse la coque de ma peau, brûlée,
collée directement à l’âme,
pour que me reste non-retourné,
mon premier essai de marche.
Sautent les coques noires, holala !
Je me trouve plus grand et nonvolé,
collé à ce « par où »
d'une voûte tout autour ajouté.
Je fais éclore des yeux aux regards irréels,
à droite, à gauche, en haut et en bas,
donnant naissance à une file de rois-animaux,
qui savent comment on meurt en beauté.
J'étends également une plume d’os irisée
qui atteint le noir concave.
Éclatent les coques noires tout à coup
et me voilà, de nouveau, suave,
enfermé dans un œuf beaucoup plus grand,
coupé par une idée plus grande,
moitié jaune d’œuf, moitié oiseau
dans un jeu avec des pas à la dérobée.
Grand œuf ! Syllabe hurlée
dans une perpétuelle croissance arrachée
sans plafond stalactite
séduite.
Œufs concentriques, noirs, brisés
chacun à son tour et à lui tout seul.
Petit d’oiseau repoussé par le vol,
parcourant un œuf après l'autre,
des entrailles de la terre jusqu'à Alcor,
dans un rythmique écho dilaté.
« Le soi » tâche de sortir du « soi »,
l’œil de l'œil, et toujours
le soi-même sur soi-même pèse
comme une neige noire, lourde.
D'un œuf dans un autre plus grand
à l'infini tu nais, nonvolée
aile. Seulement du sommeil
chacun peut se réveiller
de la coque de la vie aucun,
jamais.

(traduit en français par Ileana Vulpescu, p. 157-159 de 30 POETES ROUMAINS édition bilingue, 1978)
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