Nicholas Ayache

L'ouvrage est sous-titré Médecine, santé, technologies : ce qui va changer dans nos vies. Rappelons que l'intelligence artificielle a pour objectif d'apprendre à une machine à réfléchir, alors qu'un banal ordinateur n'est programmé que pour réaliser des actions particulières. Dans le second chapitre " L'engagement de l'État français " on évoque un rapport rédigé par le mathématicien et candidat malheureux à la mairie de Paris, à savoir Cédric Villani. Ses grandes lignes en furent présentées au Collège de France en mars 2018 par Emmanuel Macron. « Outre les domaines de la santé et de la médecine prédictive, dans lesquels on trouve quelques start-up prometteuses (Qynapse, Cardiologs, Therapixel, etc…), le plan cible trois autres filières en raison de leur potentiel technologique et des atouts industriels de la France : la mobilité autour de la voiture autonome, l'environnement et la défense, trois secteurs dans lesquels la France compte des grands groupes leaders mondiaux » (page 26).



Dans le troisième chapitre intitulé " L'étoffe des neurones : quand l'IA rencontre la neuroscience ", on relève : « Un réseau de neurones artificiels n'a rien à voir avec un cerveau, qu'il soit humain on non. Les "neurones" du premier sont, au niveau fondamental, des fonctions mathématiques, alors que les neurones biologiques sont des cellules complexes, des transmetteurs de signaux bioélectriques, dont on n'a pas encore percé tous les secrets. Certains chercheurs rechignent même à parler d'intelligence artificielle et préfèrent des termes aux consonances plus techniques comme "apprentissage statistique". » (page 31)



Le quatrième chapitre s'intéresse aux usages divers et importants des robots au Japon, revenant en particulier à l'achat massif du chien robot Aibo développé et commercialisé par Sony depuis 1999 ; avec ses différentes versions, on approche du nombre de 200000 exemplaires vendus. Les quatre premiers chapitres sont dans un ensemble intitulé "L'intelligence artificielle aujourd'hui : état des lieux", cette partie est divisé en deux fractions l'une rédigé par divers auteurs et l'autre reprend trois textes de spécialistes des sujets traités là.



Les trois autres parties sont bâties sur le même modèle : deux à quatre chapitres de la plume de journalistes tel Christophe Alix chef du service économie au journal Libération et deux à quatre textes d'experts ou d'artistes ou écrivains comme Alain Damasio. Ces trois derniers ensembles s'intitulent : Santé connectée : les innovations dans le domaine médical, Transhumanisme : le fantasme de l'homme augmenté, Liberté, conscience, vie privée : faut-il craindre l'IA. Dans le domaine médical, les utilisations de l'intelligence artificielle permettent entre autre d'une part de décrypter les mammographies, observer les rétines, scruter les cerveaux et comparer les symptômes et par ailleurs l'accès à un e-dossier médical.



C'est l'historien des sciences Yuval Noah Harari qui se charge de la conclusion. Notons que le contenu de cet ouvrage fut copublié en 2018, par Libération et Radio-France sous le titre L'intelligence artificielle au coeur de l'humain.

Ou comment un livre assez mal fait se révèle assez ... passionnant.



Mal fait car il ne fait guère d'état des lieux, d'effort de définition, de hiérarchisation, ... Il se contente de picorer avec une sur-représentation de la santé. Et il aborde largement le transhumanisme avant même d'avoir traité "complétement" son cœur de sujet.



Passionnant car il montre sur ce sujet combien il est difficile (impossible) de se faire un début d'opinion (sur un domaine que l'on ne connait pas) sans confronter les points de vue. Et les différences d’approches sont stupéfiantes.



A titre personnel j'en retire la conviction que ceux qui savent vraiment de quoi ils parlent (en l’occurrence ici ceux qui fabriquent) ne sont pas ceux qui posent les bonnes questions.

Pour illustrer : dans l'effort pour définir ce qu'il y a d'intelligent et comparer humains et machines , Stanley Durreleman distingue puissance statistique et facultés cognitives alors que Cathy O'Neil fait la distinction par l'utilisation de l'intelligence par l'homme dans un cas à dans l'autre cas l'utilisation contrainte inféodée à des intérêts (privés ..).



Ce livre est très accessible aux béotiens de mon genre.

J'ai été conforté dans mon intuition que l'intelligence artificielle confère de super-pouvoirs mais suis resté très frustré quand à la réflexion sur les contre-pouvoirs à instituer.