Et ce fut au deuxième jour que l'on se rendit compte. La pluie avait continué, oui, elle avait continué une nuit entière, exténuante, et des détachements de renfort avaient afflué dans la ville, venus des environs essentiellement, Torre Del Greco, Castellammare, Salerno, Caserta : dans les rues on ne voyait rien d'autre que ce passage circonspect des camions de pompiers, moins périlleux désormais, les voitures rouges roulaient dans un sens et dans l'autre, sirène hurlante, et tout le monde collé aux vitres des fenêtres, comme attendant son tour, les voilà, ils arrivent, ils arrivent. L'attente était une maladie éreintante, progressive, qui vous prenait à la gorge, vous la serrait, serrait. Il vous venait cette idée : vous n'alliez pas mourir, peut-être, mais vous ne vivriez jamais plus comme avant. Voilà, cette lente, interminable pluie avait changé la perspective des choses : votre existence ne serait plus la même, jamais plus, parce que maintenant la vie à venir était conditionnée par l'eau qui tombait, tombait, par l'eau qui arrêtait les voitures dans les rues, l'eau que les goûts régurgitaient vers le bas, sur les pentes de la colline et vers la mer, et des vagues enflaient, venant heurter les amarres, et il faut dire aussi qu'au deuxième jour on se rendit compte, ou du moins on commença à comprendre : il ne s'agissait peut-être pas de la pluie des autres années, des autres mois, peut-être cette pluie-là, maintenant, venait-elle de très loin.
la mer montait jusqu’à Montedidio ». « Ce qui était sûr, c’est qu’il y avait une marée qui monte et une marée qui descend