Ma vie s’écoule, grâce à vous, Seigneur, selon une remarquable continuité d’épreuves et d’abandons forcés, sans clairière, presque sans clarté. Pourtant, par-dessous ces maux, vous avez tout de même réussi à me faire parvenir les deux ou trois biens que je m’imaginais atteindre par l’audace et le succès, et qui sont arrivés tout doucement par le silence et l’acceptation. Il faut oser dire : “tant pis” à tout abandon humain, pour pouvoir dire à toute offre divine : “Je prends, je suis preneur.” Et vous m’avez mené, avec la plus parfaite précision, exactement à l’endroit où, dans mon ambition la plus gratuite, je désirais aller. Non pas vers des délices sensibles ni spirituelles, mais vers un amour pour vous, fondé en vérité et capable de durer.