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Citation de Partemps


Poussin à M. de Noyers.
(Ms. : 12347, fol. 9.)
A Monseigneur de Noyiers,

Conseiller du Roy en son Conseil d’Estat et priué, secrétaire de ses commandements et superintendant de ses maisons royales ; en Court[1].

Mon seigneur
Après auoir considéré l’exelence de vos vertus et vostre grande qualité, j’étois pour implorer l’ayde de quelque homme biendisant, n’osant de moymesme, pour le grand respect que je vous porte, vous escrire la présente, ainsi mal polie et rude comme elle est mais à la fin j’ay pensé que ce n’est pas ce que vous attendés de moy qui fais profession des choses muettes ; outre que j’ai pensé ausi que en l’appareil des magnifiques tabless des grands Seigneurs, quelquefois entre les délicates viandes, se peuuent bien entremesler quelque fruits Rustiques et agrestes, non pour autre que pour leur forme strauagante. Les susdites choses (et la confianse que j’ay en vostre bénignité) m’ont poussé à vous escrire ce peu de mots, non que par iceus je puisse faire entendre les extrêmes obligations que je doibs à vostre Infinie bonté, car elles sont telles, que je n’ay jamais osé désirer les biens que je repçois de vostre libérale main, ny mesme osé espérer à tant d’honneur que de me voir fait digne par vostre grâce de seruir au plus grand et plus juste[2] Roy de la terre, mais puisque il a plu à vostre bonté de me faire cet honneur, je tascheray au moins à ne diminuer en rien la bonne oppinion en laquelle vous m’aués, et quand et quand je tascheray à me monstrer ausy obéissant comme mon debuoir le requert en fesant toutte sorte de dilligence pour me mettre en chemin de vous aler servir, espérant, s’il plaist à dieu, que se sera l’automne qui vient ; et nuse manqué de partir Incontinent[3], si se neust esté pour ne pas perdre la bienueillanse de tant d’honnête gens qui à mon absense mesme peuuent tenir la protextion de ce que j’ay de plus cher en ce monde, vous me concederés donc (Monseigneur) encore cette grâce, s’il vous plaist, de demeurer icy ce peu de temps, pour pouuoir donner satisfaction à mes amis. Que s’il vous plaist d’ordonner autrement pourueu que j’en aye le moindre signe du monde je n’auray égart à autre chose qu’à vous obéir comme à mon maistre et bienfacteur deuant qui je m’incline déuotieusement et prie dieu de tout mon cœur qu’il luy plaise vous élargir toutes les biens désirables.

Le plus humble de tous
vos humbles seruiteurs

Poussin
de Rome ce vintiesme de feburier 1639.

La lettre est très bien écrite, comme il convient pour un destinataire de cette importance.
Allusion au surnom du roi : Louis XIII le Juste.
Au début des mots, Poussin écrit souvent la lettre I par une majuscule.
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