Face à ce paysage qui offre sa splendeur et dissimule son passé, je ressens un profond malaise : comment peut-on admirer le cadre d’un tel malheur, d’un tel anéantissement, d’une telle souffrance collective ? Des innombrables camps qui s’étiraient le long de cette route, il ne reste rien ou presque – de rares baraquements et fabriques en ruine, des toponymes connus des seuls spécialistes du Goulag, indiqués par des panneaux rouillés le long de la route – Radoujnyi, Srednikan, Annouchka, Stanovaia, Gueologitcheskii, Oust-Srednikan, Verkhnii Seimtchan. Pas âme qui vive le long des deux cents kilomètres qui séparent le relais du 386ème kilomètre de Seimtchan.