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Citation de Coco574


Mais que savait Philidor des sentiments qui, depuis des années, agitaient le cœur de Marguerite ? Il ignorait que, dès ses douze ans, déjà, elle vivait avec la certitude qu’elle n’ai­­merait jamais un autre garçon que lui et elle espérait à tout moment son apparition aux côtés de son père Désiré, quand il venait livrer quelques capades à Mathilde. Se doutait-il de la frustration qui accompagnait son arrivée et son départ quand il se contentait de lui adresser un vague signe de la tête, alors qu’elle priait pour qu’il vienne l’embrasser, même fraternellement ? Imaginait-il ses nuits quand, plus âgée, aux premiers soubresauts de son corps, aux premiers désirs qu’elle avait découverts et à ceux que lui suggéraient ses pensées, elle n’avait d’envie que de presser son corps contre le sien ? Comme elle rêvait de l’entendre lui murmurer des mots d’amour, de découvrir dans son regard une lueur d’admiration ou même de désir ? Malgré son joli minois, ses yeux de biche et son petit nez en trompette, elle ne se la voyait bien trop souvent pour pouvoir un jour remarquer à quel point elle avait changé. Si elle avait été plus effrontée, si elle avait su se mettre en valeur, si elle avait été plus courageuse, aussi, sans doute lui aurait-elle fait comprendre que son cœur lui appartenait depuis le jour où il lui avait pris la main pour l’aider à traverser la rivière. Le souvenir en était encore vif en elle. Elle avait glissé sur les pierres verdies d’algues ; en entendant son cri de peur et en voyant ses larmes, il l’avait prise entre ses bras et l’avait embrassée. Fraternellement embrassée. Mais, depuis, Marguerite avait bien des fois souhaité tomber dans l’eau en sa présence, quitte à risquer de se noyer, et qu’il vînt la sauver comme il avait sauvé Jeanne. À propos de cette aventure, son amie Jeanne qui, un jour, avait appris la vérité sur l’identité du véritable sauveur, lui en avait fait part en lui faisant jurer de garder le secret. Elle lui avait même révélé que Philidor, à cette époque, était très amoureux d’elle et qu’il avait certainement souffert du choix qu’elle avait fait. En ressassant ces confidences, Marguerite se persuadait que la réserve de Philidor à son endroit était causée par le souvenir de son amour déçu, mais qu’il finirait bien un jour par l’oublier. Elle se morfondait d’amour pour lui et se reprochait amèrement son indolente attente d’une déclaration que le jeune homme ne lui ferait probablement jamais si elle ne lui dévoilait pas ses sentiments. Si seulement elle avait été plus audacieuse !
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