J’avais, enfant,
fini par m’habituer, sans l’admettre, à l’absence de mon père, m’étonnant
même de ses retours. Combien de fois ai-je pensé ne jamais le revoir et
combien de fois l’ai-je peut-être souhaité en secret, regrettant aussitôt,
pour ne plus avoir à l’attendre ? Son départ ravivait une période trouble
quand je m’interrogeais sur sa façon de nous aimer, de nous chérir puis
de nous quitter comme si cet amour le dépassait, le contrariait.