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Critiques de Norah Lange (3)
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Cahiers d'enfance

Dans ce récit au style délicat, la tendresse et les inquiétudes morbides d'une adolescente s'expriment en une forme moderne qui cultive le fragment, l'ellipse et l'indétermination.
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Cahiers d'enfance

« L'un des plus beaux et des plus lumineux livres de souvenirs d'enfance de la littérature latino-américaine. » César Aira, écrivain argentin contemporain.



« Cahiers d'enfance » est un livre injustement passé inaperçu de ce côté de l'Atlantique. Douze lecteurs à peine sur Babelio, ce n'est vraiment pas justifié. Peut-être est-ce un malentendu dû à son titre qui peut suggérer le sage journal d'une enfant d'avant-guerre, alors qu'il n'en est rien.



Découpés à la manière d'un album photos, ces cahiers contredisent les autobiographies d'enfance où tout serait lisse et discipliné. Derrière sa belle écriture d'apparence classique, Norah Lange livre sa propre vision du monde des enfants. La petite narratrice va parler d'abord des autres avant de parler d'elle-même. C'est sa famille qui est au centre de l'histoire, et l'enfant raconte les événements, parfois très durs, dont elle a été témoin. Un regard certes curieux, mais aussi impitoyable. Certains jeux illustrent la férocité du monde qui les entoure. Un jour, les sœurs se couvrent la tête de grands chapeaux de papier et se placent dans un courant d'air. « La première qui perd son chapeau mourra avant les autres... »

À Mendoza avec ses parents et ses sœurs, puis à Buenos Aires après la mort de son père, Lange décrit un monde où tout est invariablement remis en cause. Un monde d'enfants ponctué de drames, de crises, et où les obsessions et les rituels servent à se protéger d'une réalité trop brutale.



Les fragments d'une vie en apparence paisible et innocente, avec ces moments sombres, mais aussi ces moments comiques, que la narratrice conte avec ironie.

Comme la fois où la mère décide d'engager une institutrice pour préparer les enfants à l'école normale. Celle-ci décrète qu'il est indispensable de mettre en pratique les proverbes. Ils constituent selon elle « la base du langage », et il s'agit que les enfants les prennent au pied de la lettre. Elle fait donc une démonstration avec « l'union fait la force » en déplaçant un piano, avec « qui trop embrasse mal étreint » en portant plusieurs vases et en en cassant quelques-un au passage, en retardant de beaucoup l'heure du goûter avec « mieux vaut tard que jamais. »

Quand finalement la mère ne se montre pas du tout enthousiaste par cette pédagogie, et qu'elle renvoie l'institutrice, celle-ci ne se départit pas de sa théorie, et « avant de se retirer elle a agité les dix pesos que mère venait de lui remettre et s'est exclamée joyeusement : « Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ! » »



La disparition du père et de la petite sœur marquent un retour à la capitale. Les ressources viennent à manquer. Le dernier soir, les sœurs disent adieu à chaque arbre du parc en les embrassant.

Les événements n'entament pas la fougue de la jeune Norah.ni ses obsessions.

Norah Lange nous invite à partager les joies et les peines de son jeune âge. Nous découvrons une enfant rêveuse et sensible, fascinée par la beauté du monde qui l'entoure. Mais son innocence est également teintée de mélancolie et d'une conscience aiguë de la fragilité de l'existence.

La narration, fragmentée et non linéaire, épouse le rythme capricieux de la mémoire. Pas de dates, pas de contexte historique, mais des images saisies par le regard d'une petite fille curieuse de tout. Des souvenirs heureux, comme les jeux d'été dans la maison de campagne, côtoient des moments plus sombres.



Ces « Cahiers d'enfance » sont comme des respirations lumineuses, et nous transportent dans les souvenirs d'une enfant argentine du début du XXe siècle avec une grande sensibilité.

J'ai eu l'impression avec cette lecture de passer derrière le rideau, et de m'approcher un instant de cette autrice fascinante d'un autre siècle. Une belle rencontre.

Beau, poétique, subtil. Un vrai plaisir à savourer.





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Cahiers d'enfance

Fouler la terre argentine subrepticement et rapporter des morceaux d’étoiles dans sa poche pour toujours, c’est pénétrer les saveurs nostalgiques de ce récit de vie haut de couleurs. On ouvre le livre en sachant d’emblée y trouver des mots de velours sur un rythme d’une enfance heureuse, loyale, émouvante, et reconnaissante. La beauté verbale lève le rideau du verbe réussi.

Norah Lange argentine délivre les pans de sa jeune vie et on se sent bien dans « Cahiers d’enfance » dans cette Argentine livresque. De Mendoza à Buenos Aires on ne lâche pas la main de cette grande auteur(e) .On fait pacte commun frénétiquement dans la beauté des délivrances « Ma mère était différente » « Ma mère ne tricotait pas les chaussons et les langes. Le loisir c’était les autres choses. Elle vivait la responsabilité de ce qu’elle attendait, et elle attendait toute la journée, toute la nuit. »

Les fenêtres où se profilent les entrelacs des souvenirs apaisent le lecteur qui devient olympien, serein, et fier de lire cette grâce. Décrire ce récit, c’est entrouvrir la porte et observer la souplesse attentive de cette enfant qui répand les images sur notre regard, de sa vie aérienne. On comprend que cette grande dame devenue écrivain était l’amie de Borges et côtoyait la richesse de la compréhension poétique. Proses de bien-être, de cette limpidité qui coule comme l’encre des plus perfectionnistes, elles se font perles rares, moments où plus rien d’autre que cette teneur verbale ne compte pour le lecteur qui devient enchanté.

« Avant 13 ans, l’honnêteté était pour moi, une règle qui ne s’offrait pas de vacances. »

Ce livre édité par Biblio Le Livre de Poche est une rivière pleine de pépites qui brillent. Il en devient indispensable, comme si le lecteur avait compris que les images dévoilées une à une étaient ce que le riche peut transcender sur le beau. Traduit avec une qualité rare par Nelly Lhermillier ces fragments de ciel frappent les nuages d’une syllabe à l’autre comme du linge frais qui claque au vent. Le lecteur en redemande. Et termine cette merveille en sachant que cette saveur mémorielle sera source pour toujours pour lui.

D’une beauté rare.



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