Quand on vient de nulle part, (...), on ne se trouve jamais à sa place : étudiant, mais incapable de partager les sentiments et les activités de ses condisciples; déménageur ou loufiat, mais incapable d'accepter cette activité comme son seul horizon ; homme, mais rongé par les images, les paroles et les gestes de sa mère ; citoyen, mais inquiet de penser que ses vols peuvent lui retirer ses droits. Quand on vient de nulle part, on n'espère qu'une chose : avoir une place. Mais une fois qu'on l'obtient, on ne sait pas l'occuper. Faute d'avoir été comme les autres, on n'est jamais comme eux. On demeure gauche, maladroit, hésitant, et les autres le voient ou le pressentent.