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3.25/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Mexique
Né(e) : 1963
Biographie :

Norbert Campagna est docteur en philosophie, il enseigne à l'Université du Luxembourg et au Lycée de Garçons Esch. Ses travaux portent sur la philosophie pratique. Il est l'auteur de La souveraineté : de ses limites et de ses juges (Presses Universitaires de Laval, 2008. )Il a publié une dizaine de livres consacrés à Machiavel, Hobbes, Montesquieu, Constant, Tocqueville, Carl Schmitt ou encore à la pornographie.

Source : France culture
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Norbert Campagna : les puissants profitent de leur pouvoir pour assouvir leurs fantasmes sexuels. DSK, Tron, a qui le tour ? Ces deux-la plaideront a coup sûr le consentement mutuel... Hum hum... Mais le consentement suffit-il a ce que l'acte soit jugé permis du point de vue moral, questionne NORBERT CAMPAGNA. Sur le fil tendu des frontières morales « L'éthique de la sexualité », nouvel ouvrage du philosophe luxembourgeois, éclairait les parts d'ombre des sociétés occidentales. Il éclaire désormais les pars d'ombre de l'actualité. NORBERT CAMPAGNA est l'invité du JT6H du 3 juin 2011.


Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
p.185.
Si choisir librement l'activité qui nous permettra de gagner l'argent nécessaire pour subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille implique choisir une activité qui nous fait envie et qui nous permettra de nous épanouir, la plupart des travailleurs et travailleuses ne sont pas libres. Rares sont en effet ceux qui peuvent faire la fine bouche et refuser tous les emplois qu'on leur offre, en attendant d'avoir trouvé l'idéal ou même seulement un travail convenable. La plupart du temps, on accepte ce qu'on trouve et on s'en accommode ¹.

1. Je pense par exemple à tous ces enseignants qui doivent faire leur travail dans des établissements scolaires à problèmes. Combien d'entre-eux finissent dans la dépression ? Ou pensons à ces ouvriers d'une grande firme automobile qui se sont suicidés parce qu'ils ne supportaient plus les cadences de travail. Pour quelques ouvriers qui se suicident, combien de dizaines ou de centaines de milliers de travailleurs qui sont insatisfaits de ce qu'ils font et qui cherchent à oublier le travail aussi rapidement que possible dès qu'ils sont rentrés chez eux ?
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p.248-9.
On est en droit de se demander ce que les autorités publiques auraient fait s'il n'y avait pas toujours eu des femmes qui acceptaient d'avoir des rapports prostitutionnels. Seraient-elles allées jusqu'à obliger certaines femmes à se prostituer ¹ ? Aurait-il été pire de voir se propager les viols de femmes honnêtes et les actes homosexuels ou de forcer certaines femmes à se prostituer ? À ma connaissance, les glossateurs et commentateurs n'ont pas abordé cette question. Après tout, il y avait toujours suffisamment de femmes qui se prostituaient.


1. On peut par exemple songer à des filles et des femmes qui auraient été faites prisonnières lors de guerres. Si les nations chrétiennes s'étaient mises d'accord entre elles pour abolir la mise en esclavage des prisonniers de guerre, cette entorse au ius gentium en vigueur au Moyen Âge ne valait pas pour les guerres entreprises contre des nations non chrétiennes.
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p.25-6.
Toujours en ce qui concerne le verbe, le dictionnaire nous dit que se prostituer, et cela renvoie à la deuxième acception du substantif, c'est « avilir, dégrader en utilisant pour des tâches indignes ou à des fins vénales ». Ainsi, on peut prostituer son talent, pour prendre l'exemple du dictionnaire. Si un individu utilise son talent pédagogique pour gagner de l'argent en devenant professeur, il se prostitue – la tâche n'est certes pas indigne, mais la fin est vénale. Et la même chose vaut pour un individu qui utilise ses talents culinaires pour gagner sa vie et nourrir sa femme et ses enfants – là aussi, la tâche n'est pas indigne, mais la fin, du moins la fin intermédiaire, est vénale. Tous les salariés, du moins tous ceux qui utilisent leurs talents dans leurs métiers respectifs, seraient-ils donc des prostitués – tout au moins au deuxième sens du terme ?
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p.38.
La question est donc de savoir si l' « acte par lequel une personne [l'épouse/l'époux] consent à des rapports sexuels [avec son mari/sa femme] contre de l'argent » peut être qualifié de rapport prostitutionnel ¹.


1. Dans le livre qu'elle consacre à la question, Christine Dessieux écrit : « Combien d'épouses subissent passivement, sans désir, sans plaisir, les assauts répétés, dénués de tendresse de leur époux réclamant son dû ? Combien d'entre elles font les comptes en faisant l'amour se forçant ou forcée d'accomplir l'acte d'amour le transforme en une transaction matérielle, il y a prostitution conjugale ! Si la femme consciemment fait l'amour avec son mari en échange du manteau de fourrure tant convoité, il y a prostitution conjugale ! » (Christine Dessieux, La Prostitution conjugale. Des femmes témoignent, Paris, Albin Michel, 199, p.21.)
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p.187.
Un individu ne semble-t-il pas prêt à faire n'importe quel travail pour gagner de l'argent plutôt que de se prostituer ¹ – alors même qu'en se prostituant il gagnerait plus d'argent et plus vite qu'en vidant les poubelles ? La prostitution semble être l'ultime recours, certaines personnes préférant peut-être même encore voler plutôt que de se prostituer.

1. Au début du XXᵉ siècle, Jane Addams parlait du « choix hideux entre mourir de faim et vice, qui constitue peut-être la plus grande disgrâce de la civilisation » (Jane Addams, A New Conscience and an Ancient Evil, (1912), Urbana/Chicago, University of Illinois Press, 2002, p.23). Selon Addams, ce n'est pas tant les prostituées qui sont condamnables que la civilisation qui ne laisse parfois pas d'autre choix que celui entre la mort et le vice – c'est-à-dire la prostitution.
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p.171-2.
Cela n'empêchera pas que des clients continueront à manquer de respect aux personnes prostituées. Mais ce genre de situation se retrouve dans tous les métiers. Combien d'agents de police faisant leur métier et verbalisant des automobilistes ayant roulé trop vite se font traiter de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables ? Ce qui crée une différence, c'est que dans le cas des personnes prostituées, il y a l'impression, chez certains, qu'on a le droit de manquer de respect à ces personnes, qu'elles ne peuvent donc faire valoir, si nécessaire devant un tribunal, un quelconque droit à être respectées comme tout un chacun. Celui qui traite un policier de « sale flic » écopera d'une amende pour insulte à agent, alors que celui qui traite une personne prostituée de « sale pute » ne risque rien.
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p.60.
Il faudra bien entendu déterminer ce qu'il y a de spécifique à l'utilisation du corps dans la prostitution. Après tout, les personnes prostituées, d'un point de vue purement physique, c'est-à-dire en faisant abstraction de toutes les déterminations sociales et autres qui pourraient caractériser l'utilisation du corps, utilisent leur corps comme le font chaque jour des millions d'autres personnes dans le monde ¹.


1. « Si l'on arrive à s'extraire des jugements moraux que vivent et subissent aussi les prostitué-e-s, la prostitution n'est en rien différente des autres professions où l'outil de travail principal est le corps » (Daniel Welzer-Lang, Odette Barbosa, Lilian Mathieu, Prostitution : les uns, les unes et les autres, Paris, Métailié, 1994, p.67).
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p.194.
Dans nos sociétés modernes, il est courant de faire travailler d'autres personnes pour soi et de bénéficier du profit engendré par leur travail. Pensons au P.-D.G. D'une grande entreprise qui fait travailler des milliers d'ouvriers et qui touche un salaire mensuel de plusieurs dizaines de milliers d'euros, alors que le salaire mensuel moyen de ses ouvriers s'élève à peine à mille et quelques euros. Un marxiste trouvera une telle situation scandaleuse, d'autant plus que les ouvriers sont en grande partie à la merci des décisions du P.-D.G. S'il prend de mauvaises décisions, ils seront licenciés alors que le P.-D.G. Touchera une grosse prime de départ et qu'il aura accumulé suffisamment d'argent pour bien vivre par la suite.
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p.173.
Sybil Schwarzenbach énumère six conditions pour une prostitution acceptable : (1) la personne prostituée doit être adulte, (2) la personne prostituée doit être en possession de ses capacités psychiques, (3) la personne prostituée doit se prostituer volontairement, (4) la personne prostituée doit travailler en sécurité, (5) la personne prostituée doit conserver le droit de refuser certains clients et certaines pratiques et (6) la personne prostituée ne doit pas abandonner des capacités essentielles à la détermination de son moi (Sybil Schwarzenbach, « Contractarians and feminists debate prostitution », dans New York University Review of Law and Social Change, Nr. 18, 1990/91).
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p.111.
La question sera donc de savoir si on a le droit de vendre le droit de ne pas être traité comme une personne, c'est-à-dire comme un sujet de droits – aussi minimaux ces droits soient-ils. En louant ou en vendant ce droit, nous acceptons qu'autrui nous traite comme si nous n'étions plus une personne, c'est-à-dire que nous renonçons à nous opposer à n'importe quel acte il accomplirait contre nous en nous prévalant d'un droit – par exemple le droit de dire non à tel ou tel traitement.
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Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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