Poème
« Le vent a soufflé avec trop de force, as-tu dit,
c'était comme si un dieu avait soufflé depuis l'horizon » ;
et ce souffle a emporté les feuilles des arbres,
chassé les nuages, pénétré les fenêtres du rêve,
bousculant les images et les phrases. Je ne sais pas,
de fait, si la voix qui nous réveille, la nuit, a
un destinataire en particulier. Bien que je me lève,
guette le couloir, entrouvre les volets de bois,
nul n'apparaît depuis la ténèbre. Les vieilles maisons, en province,
ont des habitants inattendus : des visages qui se confondent
avec le brouillard des miroirs ; des bras que la mousse
de l'ombre a corrodés.
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