Odette Parisien

Château de sable

les vagues lourdes de la mer
recouvrent au passage
mon corps nu de toi
les joncs s’en vont
nulle part et partout

clapotis de l’ennui qui brise
clous de l’eau dans la cale déserte
ailes arquées de la mouette pleureuse

de quel nom cette peine nommer

Alliance

plis de mer
lambeaux de sable
ne restent du songe
que les sillages

des hiéroglyphes anonymes
s’ancrent dans ma pensée

lignes de la main
fines amarres
je signe ma naissance
sur la paume des pages écaillées

Odette Parisien, On entend toujours la mer

Ombres de mer

silence étale promesse de marée
l’homme s’enlise solitude
océan sans issues sans paroles

coule le sable de tes yeux
coquillages reflués
les filets sont vides de perles
les plants ont goût de corail

Complainte

Où vont les rires
les souhaits des amants
sans l’écho du matin

où vont les mains
tendues des amants
sans l’ombre sur le mur

où vont les amants
pieds nus dans la nuit
sans l’aimant de l’amour

Ellipse

rencontre des aiguilles
l’heure juste au sommet
les secondes hésitent s’allongent

dans les méandres du non-dit
je me glisse
balises et chutes
à perte de vue les interdits

Sursis

avec un bruit de verre soufflé
meurt à petit feu la luciole
fissures de jour sur les lèvres

si fragiles les mots
joués aux dés des ombres

Petite phrase

penché sur la nuit le poète
caresse les signes envahissants
coulée d’ombres enlacées
les mots d’être ainsi aimés
frissonnent

Entre nous

joie et détresse
départs et retours
notre pas de deux

et dansent les marionnettes